Convulsions fébriles et épilepsie dans l’enfance augmentent le risque de troubles psychiatriques ultérieurs

  • Dreier JW & al.
  • Lancet Child Adolesc Health

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

Cette étude de registre reflétant la population nationale danoise, confirme que les enfants qui ont eu des crises d’épilepsie dans leur jeune âge (avant 10 ans) ont un risque accru de développer différents types de troubles psychiatriques à l’adolescence et à l’âge adulte, notamment de l’anxiété, des troubles de l’humeur, ou encore des troubles psychotiques. Ce risque de comorbidité psychiatrique semble davantage présent lorsque l’épilepsie est apparue de façon plus tardive.

Ces travaux mettent également en évidence l’existence d’un sur-risque léger à modéré chez les sujets ayant eu des convulsions fébriles (mais sans épilepsie), le risque apparaissant de façon plus marquée lorsque celles-ci sont survenues de façon répétée et après l’âge de 3 ans.  De nouvelles études sont maintenant attendues pour explorer les mécanismes sous-jacents.

Pourquoi cette revue a-t-elle été réalisée ?

Les convulsions fébriles et l’épilepsie sont les pathologies neurologiques les plus fréquentes durant l’enfance. La présence de crises d’épilepsie chez l’enfant a notamment été associée au développement de troubles psychiatriques ultérieurs. La relation entre ces deux types de pathologies est probablement bidirectionnelle et encore mal comprise. Elle fait l’objet de diverses hypothèses, mais les études sur le sujet sont rares. Une étude danoise a donc entrepris d’explorer ce lien entre présence de convulsions fébriles et épilepsie durant l’enfance, et survenue d’une large palette de troubles psychiatriques à l’adolescence et chez le jeune adulte.

Conception de l’étude

Cette étude de registre danoise a analysé tous les individus nés entre 1978 et 2002 pour identifier ceux qui avaient eu des convulsions fébriles ou une épilepsie, puis ces sujets ont été suivis à partir de leur 10 ans et jusqu’à la survenue d’un trouble psychiatrique, d’un décès, d’une émigration ou jusqu’à la fin de l’étude en 2012. L’analyse statistique a ensuite estimé le risque de survenue de différents troubles psychiatriques (abus de substances, schizophrénie, troubles de l’humeur, troubles anxieux, ou de la personnalité) à l’adolescence et chez le jeune adulte.

Résultats

  • Près de 1,3 million de sujets nés au Danemark ont été suivis au cours de l’étude, représentant environ 15 millions de personnes-années. Parmi eux, 43.148 sujets (3%) avaient eu des convulsions fébriles et 10.355 (1%) une épilepsie, 1.696 avaient eu les deux.
  • En début de suivi, les enfants qui avaient présenté des crises (convulsion ou épilepsie) étaient déjà plus fréquemment atteints de déficit de l’attention avec hyperactivité et de troubles du spectre autistique.
  • Au cours de la période de suivi, 6% des sujets ont développé l’un des troubles psychiatriques recherchés. Et parmi ceux qui avaient des antécédents de convulsion fébrile, d’épilepsie ou des deux, le risque de trouble psychiatrique était augmenté, avec des hazard ratio de 1,12 [1,08-1,17], 1,34 [1,25—1,44] et 1,50 [1,28-1,75] respectivement.
  • Ce sur-risque était présent quel que soit le trouble psychiatrique considéré, mais de façon plus prononcée pour la schizophrénie, l’anxiété et les troubles de l’humeur (dépression notamment), et ceci indépendamment du sexe.
  • Cette association augmentait avec le nombre d’hospitalisations pour convulsion fébrile, avec la survenue de crises fébriles après l’âge de 3 ans, et pour les épilepsies de survenue tardive (risque maximum pour une survenue de l’épilepsie entre 7 et 9 ans).

Financement

L’étude a reçu le soutien de la fondation Novo Nordisk, de la fondation Lundbeck et d’autres associations et institutions danoises.