Consultations sans prescription, la France toujours à la traîne

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une revue systématique de la littérature a analysé la proportion de consultations sans prescription dans différents pays européens.
  • Selon les résultats les plus récents, elles représentent 47% des consultations au Royaume Uni, 41% en Slovénie, 30% en Belgique et 22% en France. Chapeau bas à la Suède où les généralistes estiment cette proportion à 70%.
    Les visites médicales de l’industrie pharmaceutique ont une influence négative sur le nombre de ces consultations.
  • En France, les représentations des médecins et des patients semblent constituer un frein.

Pourquoi est-ce important ?

Les consultations sans prescription avaient fait l’objet d’une première étude par le National Health Insurance Fund en 2005 auprès d’un échantillon de 1.000 médecins généralistes européens. Les résultats avaient alors montré des proportions variables de ces consultations selon les pays, allant de près de 57% aux Pays Bas à seulement 10% en France. Les considérations médicales (iatrogénie), environnementales et économiques incitent à augmenter la proportion de ces consultations. Une équipe de Clermont-Ferrand a voulu suivre leur évolution ces dernières années, en France et en Europe. 

Méthodologie

Une revue systématique de la littérature a été réalisée dans différentes bases de données de 2005 à 2019. Elle a considéré toutes les études s’étant intéressées aux consultations sans prescription en soins primaires ou auprès de médecins généralistes. L’objectif principal était l’évolution de ces consultations en France et en Europe depuis 2005. La perception de ces consultations sans prescription par les patients et les médecins généralistes constituait un objectif secondaire.

Principaux résultats

Au total, 28 publications, qualitatives et quantitatives, issues de 10 pays européens ont été retenues pour la revue, 8 études publiées et 20 thèses.

D’après les études quantitatives menées au Royaume Uni, en Belgique, en Slovénie et en France, entre 2007 et 2014, la proportion de consultations sans prescription était respectivement de 47%, 30%, 41%, et 22% en France, selon les résultats les plus récents.

Deux études qualitatives menées en France en 2014 ont montré que la non prescription était possible en s’appuyant sur une bonne relation médecin/patient. Pour les médecins, la qualité de l’information, l’éducation des patients, l’expérience du médecin, l’explication des risques iatrogènes, la comparaison entre confrères, le recours à des outils diagnostiques et à des examens complémentaires, ou encore l’évaluation des attentes du patient, étaient des facteurs favorisants. 

Dans le cadre du projet européen OTC SOCIOMED lancé pour promouvoir un meilleur usage des médicaments, les médecins généralistes interrogés sur leurs comportements de prescription soulignaient l’influence négative des visites de l’industrie pharmaceutique. D’après eux, en 2015, les consultations sans prescription allaient de 70% en Suède à 10% à Chypre et en France. Les prescriptions irrationnelles étaient plus fréquentes en Grèce, Turquie, Chypre et en France.

D’après les études qualitatives menées majoritairement en France, les principaux freins ressentis par les médecins étaient le manque de temps, alors que la durée de consultation est plus élevée en France que dans les autres pays. Et le principal facteur facilitant était la décision médicale partagée. Les représentations des médecins et des patients constituaient un frein à ce type de consultation. Les outils proposés pour modifier ces représentations étaient une approche centrée sur le patient et un encouragement à son autonomie, la démédicalisation de certains problèmes de santé et l’honnêteté quant à l’absence de traitement efficace.