Consommation quotidienne d’alcool sans prise alimentaire : un risque augmenté de cirrhose !

  • Simpson RF & al.
  • Lancet Public Health

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

Chez les femmes d’âge moyen, l’incidence de la cirrhose augmenterait fortement avec la quantité d’alcool consommée, et ce même pour des consommations modérées. Une consommation quotidienne d’alcool et le fait de ne pas associer cette consommation à une prise alimentaire seraient deux facteurs indépendants de risque de cirrhose. Après ajustement au type d’alcool et à la quantité consommée, le risque de cirrhose était plus que doublé chez les femmes qui simultanément consommaient de l’alcool quotidiennement, sans prise alimentaire associée. Ces données renforcent l'intérêt d'une consommation d’alcool limitée en quantité et en fréquence chez les femmes et incitent lorsqu'il y a consommation d'alcool à ce que celle-ci soit associée à une prise alimentaire.

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

S’il est admis que l’alcool favorise la cirrhose, il n’existait pas, jusqu’à cette étude, de données évaluant la variation du risque en fonction de la fréquence, du type d’alcool et de l'association ou non à une prise d'aliments. Cette étude offre aux cliniciens des messages clés et facilement mémorisables pour inciter les femmes à adopter une consommation limitée d’alcool.

Méthodologie

L’essai Million Women Study est une étude prospective ayant inclus une femme sur quatre parmi celles nées entre 1935 et 1950 au Royaume-Uni, soit 1,3 millions de femmes, à partir des données du service national de santé. Les femmes incluses devaient consommer au moins un verre d’alcool par semaine, ne pas avoir eu de cancer (hors cancer cutané) et ne pas avoir été hospitalisées pour cirrhose, hépatite chronique ou hépatite virale. Le recrutement s’est déroulé entre 1996 et 2001. Les femmes ont complété un questionnaire initial, puis un questionnaire tous les 3 à 5 ans ensuite. Leur consommation d’alcool a été évaluée entre 2000 et 2003 (données de base). Les données incluaient la fréquence de consommation, la quantité hebdomadaire (1-2 verres, 3-6, 7-14 ou ≥15 verres/semaine) et l’association ou non aux aliments. 

Principaux résultats

Parmi 401.806 femmes âgées de 60 ans en moyenne sans cirrhose ou hépatite préalable, mais toutes consommatrices d’alcool, et suivies durant une période moyenne de 15 ans, 18% ont déclaré consommer un ou deux verres d’alcool par semaine, 37% trois à six verres, 36% sept à quatorze verres par semaine et 9% quinze ou plus. Dans toutes ces catégories, la consommation était plus élevée les vendredis, samedis et dimanches que les autres jours de la semaine.

Durant la période de suivi, parmi toutes celles qui consommaient au moins un ou deux verres d’alcool par semaine, 1.560 femmes ont eu une admission hospitalière pour cirrhose (n=1.518) et 42 sont décédées des suites de cette maladie. 

Par rapport à une consommation hebdomadaire d’un ou de deux verres d’alcool (30g d’alcool en moyenne/semaine), la consommation hebdomadaire de 15 verres d’alcool ou plus multipliait l’incidence de la cirrhose par plus de 3 (RR 3,43 [2,87-4,10], p<0,0001).

Environ la moitié des femmes (51%) ont déclaré qu’elles consommaient généralement de l’alcool en mangeant. Ces femmes avaient globalement une consommation d’alcool plus faible (83g/semaine) et étaient moins susceptibles d’être fumeuses que celles qui déclaraient que leur consommation n’était pas toujours associée à des aliments ou que cela variait (95g/semaine). 

Les femmes qui consommaient de l’alcool en mangeant, consommaient plutôt du vin (44%) par rapport à celles qui ne mangeaient pas en même temps (25%).

Après ajustement sur la quantité d’alcool consommée, il s’est avéré que l’incidence de la cirrhose était moindre chez les femmes qui buvaient en mangeant que chez les autres (-31%). Ces résultats étaient similaires qu’il s’agisse de vin uniquement (-31%) ou de tous les autres types d’alcool (-28%).

Autre point, pour 175.000 femmes qui consommaient 7 verres d’alcool ou plus par semaine, l’incidence de la cirrhose était significativement plus importante (+61%) lorsque la consommation était quotidienne que lorsqu’elle était concentrée sur certains jours de la semaine. Après ajustement sur la quantité d’alcool consommée et la fréquence, le fait de consommer de l’alcool quotidiennement sans prise alimentaire associée, conduisait à un risque de cirrhose plus que doublé (RR ajusté 2,47 [1,96-3,11], p<0,0001).

Principales limitations

S’agissant d’une étude observationnelle, certains facteurs confondants peuvent subsister.