Connaissez-vous les facteurs de risque d’événement thrombotique artériel post-événement thrombotique veineux ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

  • Le risque d’événement thromboembolique artériel (ETA) après un événement thromboembolique veineux (ETV) non provoqué ou lié au cancer est favorisé par des facteurs de risque cardiovasculaires classiques (âge>65 ans, antécédents d’athérosclérose symptomatique) et par l’initiation du traitement anticoagulant pour ETV ou par un traitement concomitant par anticoagulant au moment du diagnostic d’ETV.

Quel intérêt pour votre pratique ?

25 à 50% des cas d’ETV incidents sont considérés comme non provoqués puisque sans facteur initiateur identifié. Et 20 à 30% des patients ayant un ETV auraient un cancer occulte qui est bien souvent diagnostiqué dans les mois qui suivent le diagnostic d’ETV. Ces patients doivent être considérés comme étant à haut risque de thrombose artérielle. Il convient d’être d’autant plus vigilant au risque d’ETA chez les patients ayant eu un ETV et chez qui un facteur de risque d’ETA post-ETV est identifié.

Méthodologie

Les chercheurs ont utilisé des modèles de régression basé sur des fonctions de risques cause-spécifiques. L’objectif était de déterminer les facteurs de risque d’ETA (infarctus du myocarde (IDM), accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique, ischémie aiguë périphérique, ischémie mésentérique aiguë ou ischémie rénale) chez des patients ayant eu un ETV non provoqué ou un ETV en lien avec un cancer.

Principaux résultats

Sur les 3.156 sujets inclus dans cette étude, 71% (n= 2.242) avaient eu un ETV non provoqué et 29% (n=914, 48% de femmes, âge moyen 64,6 ans, 54% >65 ans) un ETV associé au cancer.

Parmi les patients ayant eu un ETV non provoqué, 174 ont développé une thrombose artérielle, soit une incidence de 7,8% ou de 1,26/100 patients-années sur un suivi médian de 6,4 ans. L’AVC ischémique était l’ETA le plus fréquent (63%), suivi de l’IDM (23%). Le délai moyen entre le diagnostic d’ETV et l’ETA était de 4,7 ans, et 6,7% des ETA sont survenus chez des patients qui n’avaient pas arrêté leur anticoagulant. La plupart des patients ayant reçu une seule famille d’anticoagulant après la phase aiguë de l’ETV étaient traités par anticoagulant et avaient reçu un antivitamine K (82%). La durée médiane de traitement était de 6 mois.

Chez les patients ayant eu un ETV non provoqué, les facteurs de risque de thrombose artérielle identifiés étaient l’âge >65 ans (Hazard ratio (HR) 2,59, par rapport à <50 ans), les antécédents d’athérosclérose symptomatique (HR 2,11) et le traitement par une héparine de bas poids moléculaire – HBPM (HR 2,26, par rapport à un AVK).

Parmi les patients ayant eu un ETV associé au cancer, 44% étaient des femmes (âge moyen 69 ans). La plupart des patients ayant reçu une seule classe d’anticoagulant après la phase aiguë de l’ETV ont reçu un AVK (54%) pour une durée médiane de 6 mois. Le délai médian entre l’ETV et l’ETA était de 3,2 ans. L’AVC ischémique était l’ETA le plus fréquent (75,4%) suivi de l’IDM (14%). Au global, 57 ont développé une thrombose artérielle soit une incidence de 6,2% ou 1,98/100 patient-année pour un suivi médian de 3,3 ans. 4,8% des sujets n’ayant pas arrêté leur anticoagulant ont eu un ETA.

Les facteurs de risque de thrombose artérielle chez les patients ayant eu un ETV induit par le cancer étaient les antécédents d’athérosclérose symptomatique (HR 3,13), la prise d’un anticoagulant au moment du diagnostic d’ETV (HR 2,77).