Congrès des sociétés de pédiatrie 2022 – Pourquoi l’asthme des adolescents impose des recommandations dédiées
- Caroline Guignot
- Actualités Congrès
L’adolescence est une période de clarification de l’asthme, où on connaît avec plus de certitude la nature allergique (dans 85% des cas), ou les comorbidités. C’est aussi une période où la vision à court terme et l’apparition de nouvelles pathologies (psychologiques, surpoids, addictions...) rendent délicates l’adhésion et l’observance du traitement à long terme. C’est enfin une période où des dysfonctions comme la dyskinésie des cordes vocales ou le syndrome d’hyperventilation peuvent apparaître et doivent être repérées sans être confondus avec les symptômes liés à l’asthme. C’est enfin une période où on prépare l’entrée du patient dans l’âge adulte et où la discussion doit désormais avoir lieu avec lui et non plus avec ses parents. Une session du Congrès des sociétés de pédiatrie, qui s’est tenu à Lille du 1 au 3 juin 2022, a été dédiée à la récente actualisation des recommandations françaises dédiées à l’asthme des adolescents.
Spécificités lors de l’évaluation
L’utilisation du score d’ACT (Asthma control test) est simple à utiliser chez l’adolescent : si un score minimal de 20 signe un contrôle de l’asthme, l’atteinte d’un score de 22 voir 23 peut être un objectif ambitieux mais plus sûr pour le maintien du contrôle de la maladie.
La présence de symptômes nocturnes est le signe d’un asthme mal contrôlé et nécessite une adaptation thérapeutique. Un retentissement de l’asthme sur l’activité doit être explorée afin de différencier l’asthme d’effort réel (après un certain temps d’exercice, répondant à des bronchodilatateurs de courte durée d’action - BDCA), d’un asthme non contrôlé (sifflement et toux immédiats) ou d’un essoufflement liée à une sédentarité.
Spécificités liées au traitement
Outre le contrôle, l’objectif de la prise en charge est de conserver la meilleure fonction respiratoire et prévenir les crises, auxquelles sont associées plusieurs facteurs de risque : un antécédent de crise et/ou hospitalisation/réanimation pour asthme, l’observance, la technique d’inhalation ou encore une fréquence élevée de recours aux BDCA.
Le principe de l’intensification du traitement adapté aux 5 stades GINA de sévérité de l’asthme repose sur la prescription initiale de CSI (corticostéroïdes inhalés), à posologie faible pour les asthmes légers, puis progressivement augmentée avec sa sévérité. L’association d’un BDLA (bronchodilatateur de longue durée d’action) aux CSI est envisagée dès le stade modéré, en reconsidérant l’efficacité de l’association dans les 1 à 4 mois suivants, selon le degré d’inquiétude pour le patient.
Le traitement d’urgence repose sur les BDCA associés à un protocole d’urgence auquel le patient doit être sensibilisé. Le recours aux combinaisons formoterol-CSI à la demande peut être envisagé dès le palier 3 de traitement. La combinaison budésonide–formotérol à la demande n’a pas été retenue par les experts dans les asthmes légers car les données en vraie vie manquent dans cette population. Les antileucotriènes seuls ou en association (selon le stade de la maladie) doivent rester des alternatives et nécessitent une surveillance accrue.
L’éducation au repérage des symptômes et à l’utilisation du traitement, si nécessaire en recourant à un centre expert, le contrôle de l’environnement (allergènes, polluants, tabac…) et la prise en charge des comorbidités sont essentiels pour réussir la prise en charge. Si la saisonnalité de l’asthme est bien connue chez un patient, l’intensité du traitement peut être réfléchie pour être adaptée aux périodes les plus à risques. Ceci est important, notamment concernant la pression thérapeutique liée aux CSI : les doses sont définies comme fortes lorsqu’elles dépassent 800 µg de budésonide ou 500µg de fluticasone. Au-delà, l’efficacité commence à atteindre un plateau, souvent associé à l’apparition d’effets indésirables. Il est nécessaire de recourir dans ce cas à une consultation spécialisée.
Quid pour les asthmes sévères mal contrôlés ?
Un avis spécialisé auprès d’un centre expert ou un pneumopédiatre est indispensable face à des jeunes au palier GINA 4, mal contrôlés malgré un traitement adapté et bien conduit avec de fortes doses de CSI, en cas de recours trop fréquents aux BDCA, en cas de corticothérapie orale (>5 jours 2 fois par an), d’hospitalisation ou de passage en réanimation dans l’année pour asthme, ou d’une comorbidité allergique compliquant le tableau.
La consultation spécialisée permet de réévaluer l’asthme, l’observance, la technique d’inhalation, les paramètres d’environnement. Elle permet d’adapter le traitement et de participer au contrôle de la maladie avec ou sans nécessité d’intensification thérapeutique. Certains resteront mal contrôlés du fait de situations (environnement, comorbidités…) complexes. Restent 5% de patients mal contrôlés parce que non-répondeurs réels aux traitements adaptés et observés : ce sont eux qui seront éligibles aux biothérapies : omalizumab (anti-IgE) , mépolizumab (anti-IL-5), dupilumab (anti-IL-4R), discutés en centre expert et idéalement en réunion de concertation pluridisciplinaire
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