Congrès de Rhumatologie SFR 2019 – Rappels de prise en charge du syndrome des jambes sans repos

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Le congrès de la Société Française de Rhumatologie (SFR), qui a lieu à Paris, a consacré une session orale au syndrome des jambes sans repos (SJSR). L’occasion de rappeler que la prévalence du SJSR, supérieure chez les femmes, augmente avec l’âge, puis diminue après 64 ans. Au plan épidémiologique, ses manifestations sont la plupart du temps de sévérité légère à modérée [1]. Il reste rare chez l’enfant (environ 2%) mais il existe souvent des antécédents chez un parent (jusqu’à 70% des familles).

Du diagnostic…

Ce sont des paresthésies profondes qui sont diagnostiquées sur le plan clinique face à la présence de quatre signes cardinaux : un besoin impérieux de bouger les membres inférieurs qui est souvent accompagné de sensations inconfortables et/ou désagréables, les membres supérieurs étant rarement concernés ; des manifestations qui apparaissent ou se manifestent majoritairement le soir ou la nuit ; une apparition ou une aggravation en période de repos ou d'inactivité, notamment en position assise ou allongée ; un soulagement ou une disparition des symptômes lors des activités motrices (marche ou étirement). La sévérité du SJSR peut être évaluée à partir de l’échelle IRLS (International Restless Legs Syndrome) ou à l’aide d’un actigraphe porté à la cheville et mesurant l’activité physique. La maladie est accompagnée de troubles du sommeil, de mouvements nocturnes et périodiques des jambes. On sait aussi qu’il existe une liaison bidirectionnelle entre SJSR et syndrome dépressif.

Il est important de rechercher l’étiologie de la plainte et de rechercher les diagnostics différentiels : douleurs d’origine vasculaire (artérite, insuffisance veineuse), douleurs neuropathiques (neuropathie périphérique du diabétique notamment), crampes, certains médicaments (neuroleptiques, antidépresseurs, bronchodilatateurs...), fibromyalgie...

...au traitement

En premier lieu, il faut rechercher une cause (déficit en fer, insuffisance rénale chronique, iatrogénie médicamenteuse, grossesse…), et la traiter le cas échéant. Le dosage de la ferritine est ainsi indispensable, son taux étant d’autant plus bas que le SJSR est sévère, avec nécessité de traiter la carence martiale si elle existe. Il faut aussi penser aux maladies qui peuvent favoriser le déficit du fer.

En termes thérapeutiques, la première approche concerne les mesures hygiénodiététiques visant à  limiter les excitants, faire des massages de jambes, du stretching, occuper l’esprit notamment par la musique. Certaines études ont pu décrire l’intérêt de l’acupuncture ou du yoga sur le soulagement des symptômes, mais les études sont souvent de faible effectif. Il a aussi été décrit un lien entre carence en vitamine D et SJSR, la correction de cette carence permettant de réduire la fréquence des symptômes.

La prise en charge médicamenteuse du SJSR idiopathique doit être prudente, et prendre en compte les limites liées aux différentes classes thérapeutiques envisagées : la prescription des agonistes dopaminergiques (pramipexole, rotigotine) doit être réservée aux formes idiopathiques sévères avec une posologie adaptée, prescrite par un médecin spécialisé (neurologue ou médecin de centre du sommeil) [2]. Les données concernant les benzodiazépines sont limitées (clonazépam), les opioïdes à dose antalgique pouvant, eux, être efficaces sur les douleurs (codéine, oxycodone). Parmi les anticonvulsivants, la gabapentine a démontré une efficacité versus ropirinole, de même que la prégabaline versus placebo ou pramipexole, mais elles doivent être prescrites dans des situations cliniques où le SJSR est douloureux.

Il ne faut pas omettre la qualité de vie et donc considérer les attentes du patient : quels sont ses principales plaintes : douleurs, troubles du sommeil… ces aspects doivent faire l’objet d’une prise en charge conjointe avec le neurologue ou le spécialiste du sommeil, par exemple, selon les cas.

Conférencier : Raoul Ghozlan (Paris).

[1] Tison F et al. Epidemiology of Restless Legs Syndrome in French adults: a nationwide survey.: the INSTANT Study. Neurology. 2005 Jul 26;65(2):239-46.

[2] HAS. Bon usage du Médicament. Quelle place pour les agonistes dopaminergiques dans le syndrome des jambes sans repos? https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2014-04/fiche_bum_sjsr_042014.pdf