Congrès Fragilité du sujet âgé 2023 - ICOPE : l’Occitanie à la pointe de l’expérimentation

  • Agnès Lara
  • Actualités Congrès
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Néda Tavassoli, Coordinatrice de l'Équipe Régionale Vieillissement et Prévention de la Dépendance (ERVPD) au sein du Gérontopôle de Toulouse, a présenté les avancées du programme ICOPE en région Occitanie lors du 11e congrès sur la fragilité du sujet âgé à Toulouse. La région dispose de plusieurs cartes maîtresses dans le domaine et conserve une longueur d’avance par rapport aux autres territoires.

L’Occitanie est la première région à avoir bénéficié du programme ICOPE de prévention du déclin fonctionnel lié à l’âge (ICOPE : expérimentation d’un programme de prévention de la perte d’autonomie), dès la publication des recommandations de l’OMS en 2019. Plusieurs particularités ont favorisé le déploiement précoce de ce programme en Occitanie. Tout d’abord, l’existence du gérontopôle de Toulouse, qui est aussi le centre collaborateur de l’OMS pour la fragilité depuis 2017, et l’existence de l’Équipe Régionale Vieillissement et Prévention de la Dépendance (ERVPD). Créée en 2012 au sein du gérontopôle, cette dernière a pour objectif de proposer des actions innovantes dans le domaine de la prévention de la dépendance à l’ensemble de la région Occitanie. C’est notamment grâce à son travail qu’un réseau de professionnels de la personne âgée a pu être constitué. Aujourd’hui plus de 4.200 membres composent les équipes territoriales « Vieillissement et prévention de la dépendance » et leur rôle a été déterminant dans le déploiement régional d’ICOPE. Par ailleurs, l’Agence Régionale de Santé Occitanie a été présente à toutes les étapes du projet.

Un financement harmonisé sur l’ensemble de la région

L’existence d’un financement harmonisé est une autre particularité de la région. Certains territoires comme les départements 09, 31, 32, 46, et les bassins d'Alès et de Carmausin, entrent dans le cadre de l’expérimentation article 51, et sont donc financés dans ce cadre. Trois acteurs portent le projet ICOPE dans ces territoires : le Gérontopôle, le dispositif d’appui à la coordination du lot (DAC 46), et le groupe de santé Filieris, avec pour objectif l’inclusion de 15.000 seniors d’ici 2024. Dans les autres territoires de la région Occitanie, le gérontopôle est l’unique porteur de projet et le financement provient de l’ARS, avec un objectif de 50.000 seniors inclus d’ici 2024. Les actes réalisés par les professionnels de santé libéraux dans le cadre du programme ICOPE sont rémunérés de la façon suivante : repérage et suivi (étape 1, 18€), gestion des alertes (11€), évaluation approfondie (étape 2, forfait modulable en fonction du nombre de fonctions atteintes 20€ à 60€). Les réunions de coordination (21-25€) et les entretiens motivationnels (21 €) sont également rémunérés.

Les moyens mis au service du déploiement d’ICOPE en Occitanie

Pour déployer le programme dans sa région, le Gérontopôle s’est appuyé sur différents moyens : la plateforme de suivi ICOPE MONITOR, la formation des professionnels, des collaborations étroites avec les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) et les Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP), ainsi que de nombreux partenaires, et bien sûr, la communication auprès des séniors. La plateforme ICOPE MONITOR comporte des outils informatiques pour faciliter la réalisation des évaluations, le recueil de données et le suivi des participants (application sur smartphone pour l’étape 1, robot conversationnel ICOPE bot). Elle inclut aussi une équipe de télésuivi ICOPE composée de professionnels de santé, notamment des infirmières formées en gériatrie, qui ont pour mission de suivre les seniors qui réalisent eux-mêmes leur évaluation tout au long du parcours ICOPE. En effet, en étape 1, ces outils simples permettent une évaluation par un professionnel (pas forcément de santé) ou par le senior lui-même.

À partir des données dématérialisées, les professionnels de santé peuvent décider de passer à l’étape 2 (évaluation approfondie comprenant tous les tests gériatriques nécessaires selon la fonction altérée). L’ensemble des données est stocké dans la base sécurisée de la plateforme ICOPE MONITOR, qui offre aussi plusieurs fonctionnalités comme la gestion des alertes suite à l’étape 1, la facturation, l’impression des comptes rendus des différentes évaluations, etc. L’interopérabilité de ces outils avec « Mon espace numérique santé » est en cours. Ce système a été conçu pour tracer les évaluations, permettre aux professionnels de santé de suivre les patients à distance et aux coordinateurs territoriaux d’orienter les seniors vers les professionnels de santé de proximité.

Sur le plan de la formation, une plateforme de E-learning financée par le Ministère de la santé et de la prévention est à disposition sur le site https://icope-formation.com/. À ce jour, plus de 4.300 professionnels de santé et autres professionnels ont été formés au programme ICOPE grâce à cet outil, dont plus de 3.300 en Occitanie. 

ICOPE en Occitanie, où en est-on ?

Au niveau national, plus de 35.000 seniors ont intégré le programme ICOPE au sein ou en dehors de l’expérimentation article 51, dont 23.500 en Occitanie (soit 65% des seniors inclus). 60.000 tests de repérage (étape 1) ont été réalisés au niveau national (45.000 en Occitanie), dont 11.000 réalisés en auto-évaluation (près de 8300 en Occitanie). Au total, plus de 36.000 alertes ont été traitées au niveau national (31.700 en Occitanie) et plus de 5.000 évaluations approfondies (étape 2) ont été réalisées (3.400 en Occitanie). 

Dans cette population de seniors testés en Occitanie, l’âge moyen est de 74 ans et 62% sont des femmes et 89% avaient au moins une alerte à l’étape 1. Les anomalies les plus fréquentes concernent en premier lieu la cognition (52%), suivies par des anomalies de l’audition (48%) et de la vision (46%).

De nombreux progrès restent encore à faire

Les résultats sont encourageants car les dépistages et les évaluations progressent de manière continue, avec une part croissante des auto-évaluations. Mais trop peu de médecins traitants sont encore entrés dans la démarche, la prévention n’étant sans doute pas suffisamment intégrée dans la pratique clinique. Autre bémol, seuls les soins primaires peuvent être rémunérés. Les centres hospitaliers sont pour le moment encore écartés de cette expérimentation. Par ailleurs, des freins ont pu être identifiés et notamment la difficulté à fidéliser les seniors dans le suivi. Il faudra donc probablement réfléchir à la façon d’impliquer davantage le médecin traitant dans le parcours ICOPE.