Le Congrès du Sommeil 2022 - Mouvements périodiques des membres et comorbidités : clinique du syndrome des jambes sans repos

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
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Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est un syndrome sensitivomoteur dont les conséquences peuvent être lourdes, mais méconnues. Une meilleure connaissance du cadre diagnostique et des comorbidités qui lui sont les plus fréquemment associés peut aider à optimiser la prise en charge. Le congrès du sommeil qui s’est tenu à Lille du 23 au 25 novembre 2022 a consacré une session à cette question.

Le SJSR peut être idiopathique ou lié à des comorbidités. De fait, étant donné les interactions entre la prédisposition génétique et environnementale, il existe un continuum depuis les cas diagnostiqués chez les sujets jeunes, qui ont souvent une prédisposition génétique et sont de sexe masculin jusqu’aux cas diagnostiqués au fil du temps, au sein desquels la proportion du sexe féminin augmente pour prédominer (rapport H/F 1/2), et la présence et le nombre de comorbidités augmentent.

Les données cliniques et épidémiologiques relatives au SJSR suggèrent un certain nombre d’associations entre le SJSR et des comorbidités : les liens avec la carence martiale et l’insuffisance rénale chronique (IRC) dialysée sont clairement établis, les associations avec l’HTA, le diabète, la maladie de Parkinson (MP) ou la migraine étant moins robustement établis.

Ainsi, concernant l’IRC, 30% des dialysés, et 5-14% des non dialysés ont un SJSR. La physiopathologie de cette association pourrait reposer sur le métabolisme du fer, l’inflammation et les polyneuropathies. Le SJSR répond dans ce cas au traitement pharmacologique habituel. De plus, il semble qu’une partie des patients transplantés ont une rémission de leur syndrome.

Jusqu’à 30-40% des sujets atteints de MP et traités ont un SJSR. Les médicaments jouent sans doute un rôle favorisant l’apparition ou l’augmentation du SJSR. Cependant, aucun lien génétique n’a été identifié entre les deux maladies, et les associations épidémiologiques entre la MP non traitée et le SJSR sont contradictoires.

En pratique clinique, distinguer un diagnostic différentiel de polyneuropathie repose sur les spécificités de cette dernière : pas de présentation majoritairement vespérale, diminution des réflexes ostéotendineux, électromyogramme anormal.

Enfin le mouvement périodique des jambes (MPJ) peut être présent individuellement ou en association avec le SJSR ; dans ce cas, il est plus éveillant. Le diagnostic de MPJ repose sur la polysomnographie, lorsque le patient présente plus de 15 mouvements par heure du sommeil, unilatéralement ou bilatéralement, touchant parfois les membres supérieurs. Les critères de durée, périodicité, horaire, et réponse aux agonistes dopaminergiques sont importants pour les qualifier.

En population générale, la prévalence des MPJ est de 28%, mais seuls un quart d’entre eux ont un SJSR, tandis que 60 à 70% des sujets ayant un SJSR ont aussi des MPJ. Les facteurs associés au MPJ sont le sexe masculin, un âge avancé, une prédisposition génétique (MEIS1, BDBT9), un traitement par bêta bloquants ou par antidépresseurs. Le MPJ n’est pas associé à un risque cardiovasculaire, contrairement à celui qui survient dans le cadre du SJSR. Aussi, il ne relève pas d’un traitement en l’absence de plainte associée.