Comprendre l’utilisation des anti-TNF dans la RCH en pratique !
- Pouillon L & al.
- Inflamm Bowel Dis
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Les résultats de cette étude menée sur un peu plus de cinq années, montrent que la durée du maintien d’un traitement par infliximab ou adalimumab en première ou seconde ligne de traitement chez des patients souffrant de rectocolite hémorragique (RCH) serait similaire. Par ailleurs, l’administration concomitante de 5-ASA serait associée à une meilleure persistance de l'anti-TNF lorsqu’il est utilisé en première ligne. En revanche, aucun critère spécifique de maintien ou d’arrêt du traitement n’a été mis en évidence lorsque ces traitements étaient administrés en seconde ligne. La principale raison de l’arrêt d’un anti-TNF lorsqu'il est prescrit en première ligne serait le manque d’efficacité, en effet, celle-ci était identifiée chez un tiers des patients qui arrêtaient leur traitement.
Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?
L’infliximab et l’adalimumab sont des traitements courants de la RCH. En revanche, il existe peu de données sur leur persistance dans le temps. Cette étude décrit non seulement l’évolution du maintien du traitement en fonction de la place de l’anti-TNF dans la stratégie de traitement, mais évalue également l’existence de facteurs associés à une meilleure ou moins bonne persistance du traitement.
Méthodologie
Cette étude observationnelle, rétrospective, menée au CHU de Nancy a comparé l’évolution de la persistance d’un traitement par infliximab et adalimumab en première et seconde ligne de traitement. Les sujets inclus souffraient de RCH (cohorte Nancy) et étaient traités durant au moins 6 mois par infliximab ou adalimumab (entre juin 2002 et mai 2018). La persistance du traitement était définie comme le temps entre l’initiation et l’arrêt du traitement.
La durée entre l’apparition de la maladie et l’initiation d’un traitement de maintien sous infliximab ou adalimumab en première ligne de traitement était de 3 ans.
Les sujets sous infliximab recevaient 5 mg/kg en IV toutes les 8 semaines (une optimisation du traitement pouvait être réalisée en réduisant l’intervalle interdoses à 4-6 semaines ou en augmentant la dose à 10 mg/kg). L’adalimumab était administré en SC à raison de 40 mg toutes les deux semaines (l’optimisation du traitement pouvait être réalisée par réduction de l’intervalle interdoses à une semaine ou par augmentation de la dose à 80 mg).
Principaux résultats
Avant l’initiation du traitement anti-TFN les sujets suivis étaient traités par 5-ASA (72,5%), corticoïdes systémiques (88,1%), azathioprine (52,5%), méthotrexate (8,1%), thérapie rectale (29,4%), cyclosporine (5%), nutrition parentérale et entérale (4,4%) et traitement d’investigation (2,5%). Par ailleurs, 81% des patients recevaient toujours un autre traitement lors de l’initiation de l’anti-TNF.
- Au total, 160 patients souffrant de RCH ont reçu un anti-TNF en première ligne de traitement, 78,8% par infliximab et 21,2% par adalimumab. Un peu plus de la moitié des patient (53,1%) ont eu besoin d’un ajustement de dose durant le suivi sans différence significative sur ce point entre les deux anti-TNF. L’étude a montré que l’anti-TNF a été maintenu en moyenne 3,4 ans pour l’infliximab et 2,1 ans pour l’adalimumab, sans différence significative entre les traitements (p=0,24). Sous un autre angle, à la dernière visite de suivi, 38,9% des patients étaient toujours sous infliximab et 35,3% sous adalimumab. Les analyses ont mis en évidence qu’une utilisation concomitante d’acide 5-aminosalicylique (5-ASA) était associée à une meilleure persistance d’un anti-TNF en première ligne (p=0,002).
- Lorsque l’anti-TNF était prescrit en seconde ligne, dans 32,6% des cas il s’agissait de l’infliximab et dans 67,4% des cas de l’adalimumab. Au total, 69,8% des patients sous anti-TNF en seconde ligne de traitement ont nécessité une optimisation de dose au cours du suivi, sans différence entre les deux anti-TNF utilisés. À la dernière visite de contrôle, le taux de maintien du traitement était de 42,9% pour l’infliximab et de 24,1% pour l’adalimumab. La durée moyenne du traitement par anti-TNF en seconde ligne était de 2,0 ans sous infliximab et 3,2 sous adalimumab. Aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les deux groupes. Les analyses n’ont pas permis d’identifier de facteurs de persistance du traitement lorsque les anti-TNF étaient utilisés en seconde ligne de traitement.
Principales limitations
Étude rétrospective.
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