Complications vulvovaginales du cancer : place de la photobiomodulation

  • Résumé d’article
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À retenir

  • La photobiomodulation est une technique consistant à appliquer une lumière avec une longueur d’onde comprise entre le spectre du visible et du proche infrarouge (630 à 1000 nm).
  • Une étude menée sur une cohorte prospective montre que plus de 7 femmes ménopausées et en échec thérapeutique sur 10 évoquent se sentir « mieux » ou « beaucoup mieux » après un traitement par photobiomodulation pour cause de troubles vulvovaginauxliés à un traitement du cancer.
  • L’étude étant encore en cours, les auteurs ont bon espoir de confirmer ces résultats encourageants.

Pourquoi est-ce important ?

Les traitements du cancer – chimiothérapie, hormonothérapie, radiothérapie pelvienne, curiethérapie, chirurgie ovarienne ou vulvaire - induisent des complications vulvovaginales comme la sécheresse vaginale, la sténose vaginale, les hémorragies génitales, la dyspareunie, qui altèrent la qualité de vie et la sexualité des femmes concernées. Cette étude met en exergue l’existence et l’impact des troubles vulvovaginaux induits ou aggravés par le traitement du cancer et souligne l’intérêt de la photobiomodulation comme nouvelle technologie pour soulager ces patientes.

Méthodologie

L’Observatoire sur l’utilisation de nouvelles Thérapies dans le Traitement des Pathologies pelvi-périnéalEs féminines après échec partiel ou total d’un traitement médical de première intention (OTTAPE) a été mis en place par le service de gynécologie-obstétrique du CHU de Nîmes le 30 décembre 2019. Cette étude prospective a inclus des femmes en échec de traitement médical pour troubles vulvovaginaux post traitement du cancer et ayant bénéficié d’une nouvelle technologie (laser, radiofréquence, photobiomodulation, injection d’acide hyaluronique ou de graisse autologue et de plasma riche en plaquettes). Seuls les résultats concernant la photobiomodulation sont présentés ici. Les symptômes ressentis et l’impact sur la qualité de vie ont été recueillis et les améliorations étaient estimées via le Questionnaire Patient Global Impression of Improvement (PGI-I, avec succès total pour un score ≤2, partiel =3 ou un échec si le score était ≥4) et le Female Sexual Function Index (FSFI) avant et après traitement. 

Principaux résultats

Deux ans après le début des inclusions, la cohorte OTTAPE était constituée de 173 patientes. Parmi elles, 28 patientes ont été prises en charge par photobiomodulation pour troubles vulvovaginaux apparus ou aggravés après un traitement anticancéreux. Les analyses présentées portent sur 25 patientes car 2 n’avaient pas encore bénéficié de cette technique au moment de l’extraction des données et une a été perdue de vue. Les patientes (âge moyen 52 ans, indice de masse corporelle [IMC] 23,3 kg/m2, 14,3% de fumeuses) étaient toutes ménopausées de manière naturelle ou suite à un traitement du cancer (pour 50%). La durée médiane d’évolution de la ménopause avant photobiomodulation était de 6,5 ans, et 21% des femmes avaient déjà bénéficié d’un traitement hormonal de la ménopause.

Les principaux symptômes déclarés étaient une sécheresse vaginale (71%), une dyspareunie orificielle (14%) ou profonde (7%) et des douleurs périnéales ou vulvaires (7%). Les femmes souffraient en moyenne depuis 2,8 ans [3 mois ; 18 ans].

Au global, 71% des femmes évoquaient un retentissement du symptôme principal sur leur vie quotidienne ≥8/10 (sur échelle numérique verbale). Avant photobiomodulation, un ou plusieurs signes d’atrophie vulvovaginale étaient présents chez 79% des femmes. Plus de 8 femmes sur 10 (85%) ont réalisé les six séances de photobiomodulation prévues initialement. À partir de la dernière séance, la durée moyenne du suivi était de 5,1 mois et la durée médiane de six mois.

En parlant de leurs troubles vulvovaginaux, 72% des femmes estimaient se sentir « mieux » ou « beaucoup mieux » (score PGI-I≤2) qu’avant les séances. Le score de sexualité a été difficile à interpréter car peu de femmes ont répondu au questionnaire correspondant de fin d’étude, jugeant principalement que les questions étaient trop personnelles ou n’avaient pas le temps d’y répondre.

L’amélioration a été cliniquement constatée à l’examen gynécologique notamment via la diminution des fissures vulvaires et des vulvodynies.

Aucun arrêt de traitement pour effets secondaires n’est survenu et aucune femme n’a évoqué d’aggravation des symptômes. Seuls deux évènements indésirables mineurs, transitoires sont survenus et ont été imputés au traitement par photobiomodulation : une irritation vulvaire liée à la housse de protection de la sonde endovaginale et un épisode de diarrhée après une séance.

Principales limitations

Faible nombre de femmes incluses.