Complications non allergiques liées aux tatouages

  • Huisman S & al.
  • Presse Med

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Le tatouage est aujourd’hui largement répandu dans la population française, mais n’est pas dénué de risques médicaux. Des plaintes relatives aux manifestations survenant immédiatement après le geste (douleur, rougeur…) sont habituelles, mais d’autres peuvent être évoquées en consultation du fait des complications allergiques ou non allergiques apparaissant à plus ou moins court terme après le tatouage. La Presse Médicale fait le point dans un numéro spécial, en particulier sur les manifestations non allergiques.

Complications infectieuses

Le risque d’infection lié à un tatouage découle de l’effraction cutanée, et dépend de plusieurs paramètres : état de la peau, qualité de la désinfection avant le geste et soins apportés ensuite, qualité et stérilité du matériel et de l’encre.

Les infections bactériennes les plus fréquentes sont l’impétigo et la folliculite, suivis de la cellulite et de l’érysipèle. Des infections à mycobactéries sont rapportées avec les encres grises préparées par dilution d’encre noire avec une eau non stérile (M. chelonae essentiellement), mais d’autres mycobactéries peuvent être impliquées. Elles se manifestent sous forme de papules, pustules ou nodules. Des cas de tuberculose cutanée primaire ont également été rapportés chez des personnes non immunisées.

Enfin, depuis l’implémentation d’une législation d’hygiène spécifique, les infections virales à VIH, VHB et VHC sont aujourd’hui exceptionnelles dans des salons professionnels. Pour autant, des cas isolés d’infection par HPV, HSV et de molluscum contagiosum sont rapportés, soit par transmission lors de l’acte, soit après réactivation, dans laquelle l’exposition concomitante aux UV pourrait jouer un rôle. Les infections fongiques et parasitaires sont exceptionnelles.

Complications inflammatoires

Les personnes ayant une maladie cutanée auto-immune chronique (psoriasis, vitiligo, lichen plan …) devraient être informées du risque de localisation de lésions au niveau de la zone tatouée par phénomène de Köbner. Des lésions papulo-nodulaires et des granulomes sarcoïdosiques peuvent aussi apparaître après tatouage, souvent difficiles à différencier cliniquement. Enfin des cas de vascularite ont été rapportés. L’origine allergique ou non allergique des réactions locales lichénoïdes, granulomateuses ou à type de pseudolymphome peut être difficile à établir cliniquement.

Complications néoplasiques

Si certains produits de tatouage pourraient contenir des substances potentiellement cancérigènes, le lien de causalité entre tatouage et lésion tumorale (carcinome, mélanome et kératoacanthome) n’est pas établi et les lien qui ont pu être évoqués restent à type d’association. Des études d’envergure et menées à long terme seraient nécessaires. De même, des lésions bénignes ont été rapportées mais font l’objet de peu de publications.

Autres complications

L’effraction cutanée peut favoriser la formation de cicatrices hypertrophiques ou chéloïdes, même si elles sont rarement évoquées dans la littérature. Des complications neurosensorielles (douleurs, démangeaisons) sont rapportées, ainsi que des manifestations cliniques favorisées par les pigments métalliques lors d’une IRM (irritation, gonflement, brûlure) et des réactions photo-induites avec certaines encres (jaune et rouge comportant un dérivé de cadmium) et pouvant induire des manifestations érythémateuses et oedémateuses.

La Presse Médicale aborde le sujet des manifestations allergiques dans le cadre d’un autre article présenté ici.