Comparaison d’un biomarqueur au CT-scan dans le diagnostic du cancer du poumon

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Des chercheurs français ont évalué la performance diagnostique d’une technique d’identification de cellules tumorales circulantes dans l’identification précoce du cancer du poumon. Ils montrent à travers une étude robuste que la recherche de ces cellules par la technique ISET (isolement par la taille tumorale) ne permet pas à elle-seule d’assurer un diagnostic suffisamment fiable dans le cancer du poumon. En revanche, les auteurs proposent l’utilisation d’une triple signature – clinique, biologique et radiologique – pour améliorer la performance des programmes de dépistage actuels auprès notamment des sujets souffrant de broncho-pneumopathie chronique obstructive, sujets particulièrement à risque de développer un cancer du poumon.

Pourquoi ces résultats sont intéressants ?

Ces résultats viennent contredire les données d’un essai préliminaire mené par ces chercheurs et soulignent l’intérêt de coupler le dépistage par CT-scan – entravé par un nombre élevé de faux positifs – avec la recherche de cellules tumorales circulantes et la clinique pour améliorer la performance diagnostique.

Méthodologie

L’étude française AIR est une étude prospective, multicentrique de cohorte qui a été menée grâce à la collaboration de 21 centres universitaires français. Pour être inclus, les patients devaient être éligibles à un dépistage national du cancer du poumon et avoir une bronchopneumopathie chronique obstructive avec un ratio VEMS/CVF <0,7 après broncho-dilatateur. Trois dépistages à un an d’intervalle (T0 (à l’inclusion), T1 et T2) ont été réalisés incluant un CT-scan faible dose, un examen physique et des tests sanguins recherchant la présence de cellules tumorales circulantes. Les patients et les investigateurs n’avaient pas connaissance des résultats des tests sanguins et les anatomopathologistes n’avaient pas connaissance des résultats des tests cliniques et radiographiques. L’objectif de l’étude était d’évaluer la performance diagnostique de détection des cellules tumorales circulantes utilisant la technique ISET (isolement par la taille des cellules tumorales) bien avant que le cancer du poumon ne soit diagnostiqué par radiologie.

Principaux résultats

Au global 614 sujets ont été inclus dans cette étude menée entre le 30 octobre 2015 et le 2 février 2017 (71% d’hommes, âge moyen 65,1 ans, 50% de fumeurs, consommation tabagique moyenne 52,7 paquets-années). À l’inclusion, les participants avaient un risque élevé de développer un cancer du poumon. Sur l’ensemble de la population, 13% des individus ont quitté l’étude avant le premier dépistage (T1) et 11% entre T1 et T2. 

Parmi les 614 participants, 29% (n=178) avaient un CT-scan positif. La sensibilité de détection de nodules tumoraux par CT-Scan était de 82,6% et la spécificité de 73,1%.

Des nodules pulmonaires ont été détectés chez 38 sujets au cours du suivi : 3% (n=19) dès le dépistage à l’inclusion, 1% (n=15) à T1 et 1% (n=4) à T2. Un cancer extra-pulmonaire a été diagnostiqué chez 4% des individus au cours du suivi. Deux pour cents des échantillons sanguins n’étaient pas analysables. À l’inclusion, la sensibilité de la détection d’un cancer du poumon par biomarqueur était de 26,3%, la spécificité de 96,2%, la valeur prédictive négative de 97,6% et la valeur prédictive positive de 18,42%. La capacité de la technique ISET utilisée pour identifier le développement d’un cancer pulmonaire ou extra-pulmonaire était faible.