Commotion cérébrale : une, ça va, deux, bonjour les dégâts !
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
La Coupe du monde de rugby a attiré l’attention sur un problème médical qui n’est pas spécifique à ce sport et qui a longtemps été négligé : la commotion cérébrale. En effet, ses symptômes peuvent être fugaces et elle guérit spontanément neuf fois sur dix, du moins en apparence. Tout médecin peut être amené à examiner un patient qui en a été victime, puisque dans son guide 1 à l’attention des joueurs et de leurs entraîneurs, World Rugby, Fédération internationale de rugby, recommande que tout joueur commotionné fasse l’objet d’une consultation médicale à la recherche de troubles neurologiques et cognitifs.
La conduite à tenir est claire, notamment sur la recommandation de ne pas reprendre l’activité sportive avant que tout soit rentré dans l’ordre cliniquement et pendant au moins une semaine, qu’il y ait ou non des symptômes. Il est établi que le principal danger pour le fonctionnement cérébral réside dans la répétition des commotions, dès le deuxième épisode. Cela étant, il persiste plusieurs incertitudes concernant l’avenir de ces patients et les meilleures façons de les suivre. C’est l’objet du travail 2 d’une équipe de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).
Quel suivi ?
La première question à résoudre est d’identifier des critères de rétablissement du patient. La clinique est en principe insuffisante, mais un des chercheurs a mis en évidence que l’hypotonie des épaules est un signe intéressant à suivre. Les tests cliniques sont trompeurs, notamment chez les joueurs professionnels, qui ont l’habitude de les passer chaque année et peuvent donc les biaiser. Le scanner cérébral est souvent muet.
Le dosage sanguin de la protéine S100-B (S100 calcium binding protein B) est un indicateur de commotion cérébrale, sous certaines conditions. Cette protéine est sécrétée par des cellules du cerveau endommagé, mais aussi par d’autres organes commotionnés. De plus, son taux de base varie selon les individus. Ce qui importe est son dosage 36 à 48 heures après la commotion : la persistance d’un taux élevé signe une souffrance cérébrale persistante.
L’intérêt de l’IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) a été exploré dans l’étude Rugby.com 3 ayant porté sur 25 rugbymen commotionnés et 19 individus dont le sport n’implique pas de contact physique avec les autres joueurs. Ils ont été suivis jusqu’à 3 mois après l’épisode initial. L’étude a montré que « le réseau neuronal du "mode par défaut", qui s’active quand on laisse cours à ses pensées, présente des anomalies juste après la commotion et que celles-ci persistent malgré la disparition des symptômes cliniques. »
Quel avenir ?
Il persiste une grande inconnue sur l’avenir à long terme des patients victimes de commotions cérébrales, quelles que soient leur intensité et leurs manifestations cliniques. Un lien a été établi 4 entre commotions répétées et troubles de l’humeur (dépression). Certains chercheurs ont même montré la présence d’atteintes neurodégénératives sévères.
L’enjeu ne concerne pas seulement les joueurs professionnels, bien suivis par les équipes médicales spécialisées. Il porte surtout sur les amateurs, qui représentent neuf joueurs sur dix. C’est pourquoi Philippe Deck (Institut de biomécanique humaine Georges- Charpak) milite pour la création d’un centre de téléconsultation public afin qu’ils bénéficient d’un suivi aussi bon que celui des professionnels.
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