Comment les sportifs appréhendent-ils les programmes de prévention des blessures ?

  • Ruffault A & al.
  • Br J Sports Med

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Une enquête a permis de décrire les caractéristiques individuelles associées à l'adoption de programmes de réduction des risques de blessures chez des licenciés d'athlétisme.

À retenir

  • Selon une enquête française conduite auprès de plus de 7.000 athlètes, certains facteurs sont favorables à l'adoption d’un programme de réduction des risques de blessures : le fait d’avoir eu de nombreuses blessures au préalable ou le fait de participer à des compétitions de plus haut niveau.
  • Ces sujets ont aussi des déterminants sociocognitifs différents, qui constituent autant d’éléments qui permettraient d’orienter la sensibilisation et l’information de ces sportifs dans le but d’adopter des programmes de prévention.

Pourquoi est-ce important ?

L'adoption de programmes de réduction des risques de blessures (PRRB) peut aider les athlètes à améliorer leurs performances mais la connaissance et l’observance de ce type de programme restent hétérogènes parmi les sportifs. Il était donc intéressant de mener une enquête pour connaître les déterminants sociocognitifs qui réduisent leur adhésion à ce type de programme pour envisager une approche ciblée favorisant leur adoption.

Méthodologie

L’enquête a été menée en ligne auprès des licenciés de la Fédération Française d’Athlétisme. Elle a interrogé les participants sur leur profil sociodémographique, leur adoption d’un éventuel PRRB au préalable, leurs antécédents de blessures et les déterminants liés à leur comportement vis-à-vis de l’adoption d’un PRRB.

Les athlètes ont répondu à des questions permettant d’évaluer leur profil sociocognitif selon la théorie du comportement planifié qui vise à expliciter la construction du comportement : cette approche suggère que les croyances normatives influencent le comportement. Ce dernier découle ainsi de l’intention du sujet, elle-même étant le fruit de l'interaction entre son attitude et les normes subjectives et sociales. La notion de contrôle perçu, susceptible de modifier l’intention et le comportement lui-même, permet d'introduire des facteurs qui ne sont pas d’ordre purement intentionnel.

Déterminants individuels

Au total, 7.715 athlètes (10,2%) ont répondu à l’enquête (62,8% d’hommes, âge médian 38 ans, 40,6% et 24,9% faisant des compétitions au niveau régional ou départemental respectivement).

Ils étaient 70,4% à ne jamais avoir suivi un PRRB et même 76,9% à ne pas en avoir adopté un durant l’année en cours.

Ne pas avoir suivi de PRRB durant sa vie était plus susceptible d’être associé à un niveau de compétition régional ou départemental (ORa 1,66 [1,39-1,99]) et au fait d’avoir subi au moins 4 blessures durant son passé de sportif (ORa 0,57 [0,50-0,91] et 0,48 [0,35-0,65] pour 4-5 ou ≥5 blessures respectivement). Par ailleurs, les athlètes sans antécédents de blessures étaient moins susceptibles d'adopter un PRRB que ceux qui avaient subi trois blessures ou plus.

Enfin, par rapport à ceux qui s’étaient blessés dans l’année, ceux ayant eu au moins une blessure plus de 5 ans avant l’enquête étaient moins susceptibles d'adopter un PRRB durant la saison en cours (OR 0,62 [0,48-0,81]). Aucune association n’a été identifiée entre l’adhésion à un tel programme et la nature ou la sévérité de la blessure.

Déterminants sociocognitifs

En ce qui concerne les déterminants sociocognitifs de l'adoption d’un PRRB, les 7.715 athlètes ayant participé à la présente étude ont obtenu des scores moyens supérieurs à la médiane théorique de 4 (les scores possibles allant de 1 à 7) pour les attitudes (5,54±1,21) et le contrôle comportemental perçu (5,45±1,30), et proches de la médiane théorique pour les normes subjectives (4,17±1,26) et les intentions (4,69±1,69).

Ce travail montre de grandes disparités entre les scores des déterminants sociocognitifs (c'est-à-dire les attitudes, les normes subjectives, le contrôle comportemental perçu et les intentions) entre ceux ayant ou non adopté un PRRB au cours de leur vie ou de la saison. Cette disparité pourrait être utilisée par les cliniciens pour informer sur l’utilité de tels programmes (permettant d’améliorer les attitudes), sur la meilleure façon de les mettre en œuvre dans leur vie quotidienne (permettant d’améliorer le contrôle perçu) et pour diffuser des images d’athlètes de haut niveau menant ces programmes (permettant d’augmenter les normes subjectives).