Comment les maternités françaises ont-elles assuré en période de confinement ?

  • Quibel T & al.
  • J Clin Med

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

Une étude, menée à partir des données de près de 12.000 femmes enceintes et suivies par 6 maternités d’hôpitaux universitaires français, a évalué si le premier confinement avait eu des conséquences sur les accouchements et les soins périnataux.

  • Aucune augmentation des conséquences maternelles ou périnatales n’a été constatée durant la période du premier confinement.
  • Les grossesses à risque, notamment les femmes hypertendues ou diabétiques ont été prises en charge sans délai et sans qu’il n’y ait eu de conséquences spécifiques pour l’enfant liées à la situation sanitaire. 

Ces données montrent les capacités qu’ont eu les maternités de référence à s’adapter à cette situation inhabituelle et à assurer la prise en charge des accouchements en période de confinement.

 

Pourquoi est-ce important ?

Est-ce que le système de soin français est en mesure d’assurer la continuité des accouchements en cas de confinement ? Est-ce que l’infection par le SARS-CoV-2 des mères a eu des conséquences périnatales ? Est-ce que la transmission verticale du virus a impacté le taux de décès, ou d’accouchements par césarienne ? Ces résultats rassurent quant à la capacité du système français à maintenir les soins nécessaires aux accouchements en période de confinement. Il s’agit de données instructives en cas de nouvelle pandémie ou d’autres crises.

 

Méthodologie

Cette étude de cohorte rétrospective a porté sur 6 maternités hospitalo-universitaires réparties dans toute la France. Chacune d’elles étant une unité référente pour les soins obstétriques. Les analyses ont porté sur : le taux global d’accouchement par césarienne, d’accouchement par césarienne avant période de travail, de déclenchement, d’accouchement par voie vaginale, d’hémorragie post-partum grave (≥1L), de déchirure sévère du périnée, de transfusion maternelle, de morbi-mortalité néonatale (scores d’Apgar <7 à 1 et 5 minutes), d’hypoxie et d’anoxie (respectivement pH de l’artère ombilicale <7,20 ou <7,10) et d’admission en unité de soins intensifs (USI). Des critères liés à la mère et à l’enfant ont été comparés entre les 55 jours de confinement allant du 17 mars au 10 mai 2020 et une période équivalente avant et après le confinement (pré-confinement du 22 janvier au 16 mars, et post-confinement du 11 mai au 4 juillet).

 

Principaux résultats

Sur les 11.929 femmes ayant accouché consécutivement à 24 semaines ou plus de grossesse, dans l’une des structures participant à l’étude, 4.093 ont accouché avant le confinement, 3.829 durant et 4.007 après. Elles ont donné naissance à 12.179 enfants : 4.169 avant le confinement, 3.905 durant et 4.105 après.

Les caractéristiques maternelles en termes d’âge, de parité, d’IMC, de taux d’hypertension et de diabète insulino-traité, d’âge gestationnel à l’accouchement étaient similaires quelle que soit la période étudiée.

Le taux global de césariennes notamment était de 23,6%, 24,8% et 24,3% respectivement avant, pendant et après le confinement. Aucun autre critère parmi tous ceux étudiés n’a différé significativement durant la période de confinement par rapport aux périodes de comparaison avant et après le confinement.

Les complications maternelles telles que l’hypertension et le diabète insulino-traité de la mère n’ont pas eu de conséquences sur le délai pour une prise en charge adéquate de l’accouchement, ni sur l’âge gestationnel à la naissance. 

Une analyse par maternité a souligné la cohérence des données quelle que soit la maternité considérée parmi celles incluses dans l’étude.

 

Principales limitations

Les six maternités ayant participé à l’étude étaient des structures universitaires. Ces résultats ne sont pas généralisables à l’ensemble des maternités de France. Et, le taux de femmes atteintes par la COVID-19 n’a pas été mentionné.