Comment les généralistes s’accommodent-ils des restrictions de prescription du zolpidem ?
- Laforgue EJ & al.
- J Clin Med
- Caroline Guignot
- Résumé d’article

Tous les médecins généralistes n’ont pas intégré de la même façon les restrictions de prescriptions du zolpidem, survenues en 2017, dans leur pratique de routine. C’est ce qui ressort d’une enquête menée auprès de plus de 200 professionnels.
En 2017, les spécialités contenant la molécule ont été encadrées par une obligation de prescription sur ordonnance sécurisée et une durée de prescription limitée à 28 jours. Ces évolutions réglementaires ont été conçues pour limiter les cas d’abus, de dépendance et de mésusage liés à cette benzodiazépine. Pour autant, comment ces modifications ont-elles été perçues et cette nouvelle réglementation respectée par les médecins généralistes ?
Pour le savoir, une équipe nantaise a conduit l’étude ZORRO (Zolpidem and the Reinforcement of the Regulation of prescription Orders). Celle-ci avait déjà montré que la nouvelle réglementation a été accompagnée d’une baisse des prescriptions au sein de la population. Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont conduit une enquête auprès de prescripteurs tirés au sort et répartis sur tout le territoire, entre juillet 2018 et janvier 2020. Il leur était demandé de préciser leur profil professionnel, leur perception de la prise de connaissance du changement de réglementation (plusieurs réponses possibles parmi : cela ne change rien ; c’est une difficulté supplémentaire ; cela aide à une prise de conscience des risques du zolpidem ; c’est une prise de conscience des risques des hypnotiques ; c’est une aide à l'arrêt du zolpidem) et la proportion estimée de patients ayant par conséquent bénéficié d’une réduction de la posologie du zolpidem, d’un arrêt du zolpidem sans ou avec substitution par un autre traitement, et ceux n’ayant pas eu de modification
Les plus jeunes semblent mieux s’adapter
Ainsi, cette étude, qui a rassemblé les réponses de 204 médecins (88,8% d’urbains, 24,0% et 30,4% pratiquant depuis 21-30 ans ou plus de 30 ans respectivement), a montré que la majorité avait considéré cette nouvelle réglementation à la fois comme aidante pour favoriser l’arrêt (60,7%) et comme une difficulté (55%).
Parmi ceux qui avaient qualifié cette nouvelle réglementation comme étant aidante, la principale stratégie appliquée était l'arrêt du zolpidem avec remplacement (39% de leurs patients) mais aucune modification n’était entreprise pour un tiers d’entre eux. Ce groupe rassemblait principalement des praticiens exerçant depuis moins de 5 ans (30% d’entre eux, 61% ayant moins de 20 ans d’exercice).
Parmi le groupe ayant jugé la restriction seulement comme une difficulté, les médecins avaient majoritairement maintenu leurs habitudes de prescription (68% de leurs patients). Ce groupe rassemblait aussi ceux qui pratiquaient depuis plus longtemps (47,1% pratiquaient depuis plus de 30 ans, 5,9% depuis moins de 5 ans).
Enfin, le principal facteur cité par les praticiens comme déterminant pour orienter leur stratégie de prescription était l’ancienneté du traitement par zolpidem. Quoi qu’il en soit, un âge du patient supérieur à 65 ans était le plus souvent associé aux stratégies de maintien de la molécule ou, a minima, une diminution de sa posologie.
Différentes typologies de comportement apparaissent donc devant un changement contraignant de réglementation, motivé par une inquiétude quant à la difficulté de gérer les troubles du sommeil et de pouvoir répondre aux spécificités des patients. Des mesures adaptées visant à accompagner la perception des médecins généralistes de ce type de réglementation seraient utiles pour en optimiser le succès
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