Comment la pornographie influence les adolescents qui vivent en milieu défavorisé ?
- Yu C & al.
- J Adolesc Health
- Nathalie Barrès
- Résumé d’articles
À retenir
Le centre de recherche épidémiologique et de santé des populations de Villejuilf a participé à une étude internationale qui a exploré l’usage de la pornographie et les perceptions de normes de genre. Cette étude présente l’intérêt d’avoir fait le focus sur des jeunes adolescents vivant en milieu urbain défavorisés dans cinq pays différents. Ainsi, 9.250 jeunes de 10 à 14 ans résidant en Belgique, Chine, République démocratique du Congo (RDC), Équateur et Indonésie ont été inclus. Les conclusions montrent que :
- jusqu’à un tiers des jeunes de 10 à 14 ans déclarent avoir vu des vidéos pornographiques (intentionnellement ou non), alors même qu’ils vivent en milieu urbains défavorisés donc avec potentiellement un accès à Internet limité ;
- l’accès à la pornographie est très tôt fortement sexuée, ce qui peut refléter des normes sociales encourageant une consommation masculine de la pornographie.
Intérêt de ces données
De nombreuses études sur le sujet portent sur des individus plus âgés, et principalement sur des sujets européens ou Nord-américains, laissant supposer que le recours à la pornographie est forcément facilité par la liberté d’information et l’accès facilité à Internet. La forte augmentation de l’utilisation des mobiles et d’Internet à travers le monde a rendu l’accès à la pornographie plus simple pour les adolescents des pays à revenus faibles ou moyens. Il était donc intéressant de quantifier l’accès à la pornographie des adolescents de plusieurs pays et de mesurer l’impact sur la représentation de genre. Le focus sur la période de l’adolescence est intéressant, car il s’agit d’une période critique du développement physique, émotionnel, cognitif et social durant laquelle se construit l’identité sexuelle. De nombreuses études suggèrent que la consommation de la pornographie pourrait favoriser la reproduction et l’aggravation des déséquilibres dans les rapports entre les sexes, ainsi que les pratiques sexuelles à risque (hétérosexuelles ou homosexuelles), l’exposition au risque de grossesse non désirée ou d’infections sexuellement transmissibles notamment. D’autres études soulignent cependant que la pornographie peut également renforcer un effet positif sur la satisfaction des relations corporelles, l’exploration de soi et l’estime de soi.
Principaux résultats
La prévalence de l’utilisation de la pornographie variait fortement d’un site à l’autre, passant de 14,5% chez les adolescents équatoriens à 33,0% chez les adolescents belges. Le recours à la pornographie était systématiquement plus fréquent chez les garçons que chez les filles : 21,9% en Équateur à 51,28% en Belgique pour les garçons et 6,59% en Équateur versus 20,64% en Chine chez les filles. Globalement, les garçons les plus ouverts à l’égard des relations amoureuses, ceux qui avaient des relations amoureuses, et ceux qui supposaient que leurs amis étaient sexuellement actifs étaient les plus exposés à la pornographie. Hormis dans 2 sites asiatiques, l’utilisation de la pornographie n’a pas été corrélée de manière systématique à une différence de normes de genre. La perception des rapports entre genres était la plus égalitaire chez les adolescents belges et la moins égalitaire chez les adolescents de Kinshasa (RDC).
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