Comment est financée la protection sociale des plus de 60 ans ?
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
Entre 1979 et 2019, les dépenses de protection sociale sont passés de 25 à 31% du PIB (Produit intérieur brut). Cette part est stabilisée depuis une dizaine d’années. Cependant la proportion de personnes âgées de plus de 60 ans est passée de 17% à 26% alors que les trois quarts des dépenses de protection sociale sont affectées à la santé et aux retraites. Comment cette stabilisation s’est-elle effectuée ? C’est la question à laquelle des chercheurs réunis par France Stratégie ont répondu dans un travail publié début décembre.
Quel que soit le système de protection sociale (publique ou privé), les risques liés à l’avancée en âge nécessitent un transfert financier des jeunes vers les personnes âgées. Effectivement, les 60-79 ans sont les premiers destinataires de la protection sociale (plus de 300 milliards d’euros), les plus de 80 ans venant ensuite, mais pour une population nettement moindre (4,1 millions versus 13,4 millions).
Au cours des dix dernières années, les dépenses de protection sociale des plus de 60 ans ont progressé plus vite que le PIB, mais uniquement parce qu’ils sont plus nombreux : par individu, elles ont augmenté moins vite que le PIB. À ce facteur, il faut ajouter le recul de l’âge moyen de départ à la retraite (60,5 ans en 2010, 62,2 ans en 2019), la modération des pensions retraite (consécutive au changement du mode de calcul des prestations retraite, indexées sur les prix et non plus sur les salaires) et la baisse des prestations sociales à destination des familles et des enfants relativement au PIB (en revanche, les dépenses relatives au risque chômage se sont accrues autour de 1,5 à 2% du PIB).
Diminution de la part des cotisations indexées sur les revenus du travail
La part des cotisations indexées sur les revenus du travail a diminué du fait de la création de la CSG (Contribution sociale généralisée), dont le poids s’est accru, et du basculement des cotisations patronales vers les impôts et taxes affectées (par exemple, augmentation de la part de la TVA destinée à la protection sociale). Si ces modifications ont eu pour conséquence une plus forte contribution des personnes âgées au financement de la protection sociale, l’essentiel de celui-ci continue de peser sur les individus d’âge actif. En moyenne, les personnes âgées de 40 à 59 ans y contribuent à hauteur d’environ 19.400 euros par an contre 7.900 euros pour les 60-79 ans et 5.100 euros pour les plus de 80 ans.
Les plus de 60 ans restent donc bénéficiaires nets de la protection sociale, mais rapporté au PIB par individu, le montant des transferts nets moyens dont ils bénéficient est moins important aujourd’hui qu’hier. Les 20-59 ans paient davantage de cotisations et de taxes pour financer la protection sociale qu’ils ne perçoivent de prestations. Ce sont les 40-59 ans dont la contribution à la protection sociale a le plus augmenté (de 27% du PIB par tête en 1979 à 37% en 2019). En revanche, en moyenne celle des 20-40 ans était plus faible en 2019 qu’en 1979, surtout parce que leur entrée dans la vie active est plus tardive.
Les actifs restent les plus importants contributeurs
Au total, « le niveau de vie moyen des actifs est supérieur à celui des retraités, lui-même supérieur à celui de l’ensemble de la population, du fait du très faible niveau de vie des inactifs non retraités (enfants, étudiants, femmes au foyer, personnes handicapées ou invalides, etc.). » Pour les auteurs de ce travail, restent deux questions à résoudre. Les transferts financiers de la protection sociale vers les plus âgés sont-ils spécifiques à la France ? Pèsent-ils sur l’évolution des autres dépenses publiques, en particulier celles consacrées à l’éducation et à la formation ou au réchauffement climatique ?
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé