Comment augmenter la part de protéines végétales et avoir un apport en nutriments suffisants ?

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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retenir

  • Selon le travail de chercheurs français, un apport protéique d’origine végétale représentant 25 à 70% de l’apport protéique total permet d’être en adéquation nutritionnelle avec les recommandations. Les régimes situés dans la partie supérieure de cette fourchette sont par ailleurs associés à un impact global sur l'environnement nettement plus faible que ceux situés en bas de cette fourchette.
  • Ces régimes favorisant les protéines végétales sont considérablement éloignés des régimes actuels et nécessitent des changements significatifs dans les habitudes alimentaires. « L'accent ne doit plus être mis sur les protéines en tant que telles, mais sur ce qu'elles contiennent (c'est-à-dire l'ensemble des nutriments), sur la valeur globale pour la santé des groupes d'aliments qui apportent des protéines » ainsi que sur « les régimes alimentaires sains [ayant] un impact environnemental plus faible et donc plus durables », préconisent les auteurs en reconnaissant que « la fourchette de protéines végétales adéquate peut être plus étroite dans certaines populations, comme les personnes âgées, qui peuvent avoir des besoins en protéines plus élevés que la population adulte générale ».

Pourquoi est-ce important ?

Le risque éventuel de carences en cas de régime trop pauvres en protéines animales et celui associé à un régime trop carné sont souvent évoqués. Les aliments apportant des protéines animales contribuent plus volontiers à l'apport en nutriments comme le fer, le calcium et la vitamine B12, tandis que les protéines végétales sont incontournables pour avoir un apport suffisant en fibres et en certains nutriments comme les vitamines B9 et C. Les recommandations relatives à l'alimentation doivent aujourd’hui offrir des préconisations sur la proportion de protéines végétales et animales à recommander, étant donné leur importance nutritionnelle, l’impact de ces différents apports sur la santé à long terme, mais aussi l’impact de l’alimentation d’origine animale sur la durabilité de nos systèmes alimentaires. Or, sur ce sujet, la littérature est relativement pauvre : aussi, cette étude propose d’explorer la proportion en protéines végétales dans l'apport total en protéines qui garantirait l'adéquation avec les apports préconisés en nutriments et les contraintes environnementales, ainsi qu’un risque minimal pour la santé.

Méthodologie

Cette analyse a été conduite à partir de données obtenues auprès d’hommes de 18 à 65 ans et de femmes préménopausées de 18 à 54 ans ayant participé à l’enquête transversale INCA3 conduite en 2014-2015. Ces participants avaient rempli une enquête exhaustive sur trois journées complètes tirées au hasard au cours d’une période de trois semaines. À partir de ces déclaratifs, dont les proportions étaient évaluées à partir de photographies de portions, les chercheurs ont estimé la proportion de protéines végétales (%PV) et l’apport en nutriments.

Ils ont ensuite utilisé des modèles d’optimisation afin d’évaluer dans quelle mesure il est possible de favoriser l’apport en produits végétaux par rapport aux produits d’origine animale tout en permettant d’avoir un régime alimentaire sain, respectant l’adéquation nutritionnelle et préservant au mieux les habitudes alimentaires, dans le but d’une meilleure acceptabilité et transition du modèle alimentaire. L’impact environnemental de ces régimes a également été modélisé.

Principaux résultats

La %PV pour atteindre l'adéquation nutritionnelle était de 16 à 82% chez les hommes et de 16 à 77% chez les femmes, mais celle compatible avec un risque minimal pour la santé était comprise entre 25 et 70% pour les deux sexes. En dessous de 25%, l’apport en fibres devenait insuffisant et les apports en sucre et en acides gras excessifs. Au-dessus de 70%, l’apport en iode, vitamine B2, calcium, EPA, DHA, vitamine A et acide α-linolénique devenait insuffisant, ainsi que la vitamine B12 chez les hommes et le fer biodisponible chez les femmes. L’apport en sodium devenait excessif.

Selon l'analyse de sensibilité, la fourchette passait à 16-79% chez les hommes et 16-70% chez les femmes en étant plus exigeant sur les apports en fer et zinc biodisponibles.

Les gaz à effets de serre émis diminuaient progressivement à mesure que la %PV augmentait jusqu'à la valeur de 70%, où ces émissions seraient moitié moins élevées que le mode de consommation actuel. De même, l'utilisation des terres et dans une moindre mesure, l'utilisation des ressources fossiles étaient réduites d’environ 40% et 20% respectivement lors de la transition entre le régime observé et un régime modélisé comportant 70 % de PV. En revanche, la consommation d'eau était 25 à 50% plus élevée pour ces derniers.