Comment améliorer les conditions de travail à l’hôpital
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
La dégradation des conditions de travail à l’hôpital et ses conséquences néfastes sur la qualité des soins ont été largement documentées. Le médecin de santé publique Étienne Minvielle examine comment on en est arrivé là et propose des pistes pour y remédier.
Il note quatre raisons principales à cet état de fait.
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L’introduction de la T2A (tarification à l’activité) et d’une culture d’entreprise axée sur l’efficacité économique. La T2A incite à l’augmentation de l’activité, donc à celle de la charge de travail. Celle-ci n’a pas été compensée par un accroissement suffisant des effectifs, surtout pour les paramédicaux. Si le problème semble réel, il existe en revanche peu d’études pour l’évaluer précisément. Il en va de même pour son impact sur la qualité de vie des professionnels. L’étude princeps de Linda Aiken (menée aux États-Unis en 2002) avait cependant montré « qu’à partir d’un certain seuil, une augmentation du ratio patients pris en charge par une infirmière d’un patient supplémentaire est associée à une augmentation du taux de “burn out” au sein du personnel infirmier. »
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Les carences du management de proximité : manque de reconnaissance au travail, absence de gestion des conflits, incapacité à fédérer un esprit d’équipe, ce qui génère des problèmes en cascade. « On estime qu’un médecin passe en moyenne chaque jour un quart de son temps à résoudre des dysfonctionnements. » De plus, la « hiérarchie exclusivement descendante » alimente un sentiment de faible autonomie, accentué par l’obligation de rendre des comptes (les fameux fichiers Excel à remplir).
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Les manques dans l’environnement professionnel : faiblesse de la rémunération obligeant à choisir des logements éloignés du lieu d’exercice, manque de place dans les crèches sur le lieu de travail, d’accès aux écoles et de possibilité d’emploi pour le/la conjoint(e).
En réponse à ces problèmes, Étienne Minvielle propose d’élaborer une stratégie fondée autour de 4 axes à mettre en œuvre conjointement.
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Revalorisation financière, en prenant garde à son harmonisation à tous les corps de métier, accompagnée d’une amélioration de la réglementation des conditions de travail (par exemple, amplitude horaire), de ratios de charges de travail, de création de postes (mais beaucoup restent non pourvus).
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Amélioration de tout ce qui facilite les rapports entre vies professionnelle et privée.
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Mixité des paiements, avec introduction du paiement à la qualité, au parcours de soins, à la coordination ville-hôpital, au suivi des patients. Cette mixité est actuellement pensée uniquement en termes de lutte contre les gaspillages ou de résultats de prestations. Il faut introduire le critère « conditions de travail ».
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Se débarrasser d’une image incorrecte du management, qui pour beaucoup signifie aujourd’hui sacrifier la qualité des soins au profit de la réduction des coûts. Or, il faut bien constater que « rien ou presque, aujourd’hui, n’est engagé » dans un management soucieux de coordination, de travail en équipe et d’innovation. Il faut former les responsables hospitaliers à ces pratiques et les recruter sur leurs capacités à les mettre en œuvre.
Cette stratégie est-elle possible ? Étienne Minvielle se prononce pour un effort créatif indispensable, car les pistes qu’il évoque sont « majeures aux yeux des professionnels. »
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