Comment agir sur la fragilité du sujet âgé ?
- Barreto PS & al.
- Am J Med
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Une étude française a évalué un programme multidimensionnel intégrant des activités physiques, des conseils nutritionnels et des exercices de stimulation cognitive chez des sujets âgés de 70 ans et plus. Les résultats montrent que le suivi de ce programme durant 3 ans serait associé à une réduction de l’incidence de la fragilité et de la fragilité persistante. En revanche ce programme ne permettrait pas de modifier la sévérité de la fragilité lorsqu’elle était déclarée.
Pourquoi est-ce important ?
La fragilité du sujet âgé favorise le développement de comorbidités, des hospitalisations et des décès. S’il n’existe pas encore de consensus opérationnel pour le dépistage et la prise en charge de la fragilité du sujet âgé, le corps médical semble de plus en plus sensibilisé du fait du vieillissement de la population. Compte tenu de l’impact individuel et sociétal de la fragilité chez les sujets âgés, les interventions permettant d’en diminuer l’incidence et/ou la sévérité présentent de réels intérêts. Cependant, il existe peu de données sur le sujet issues d’essais randomisés et contrôlés. D’où l’intérêt de cette étude de bonne facture. Par ailleurs, un programme intensif d’exercices physiques avait précédemment montré la diminution de la sévérité de la fragilité mais pas de son incidence.Il était donc intéressant d’évaluer si un programme plus complet permettait de diminuer l’incidence de ce fléau.
Méthodologie
Les résultats présentés ici correspondent à des analyses secondaires de l’étude MAPT (Multidomain Alzheimer’s Preventive Trial) qui est un essai randomisé mené durant 3 ans, auprès de 1.637 sujets âgés de 70 ans et plus répondant à au moins l’un des critères suivants (trouble de la mémoire, limitation dans les activités quotidiennes, diminution de la vitesse de marche). Au total, 816 sujets ont été inclus dans un bras « programme d’intervention multi-domaines sur le style de vie » incluant des exercices cognitifs (mémoire et raisonnement), des conseils nutritionnels et d’activité physique et comparés à 821 sujets contrôles.
Douze sessions de deux heures durant les 2 premiers mois ont été programmées (comprenant 1 heure d’exercices cognitifs, 45 minutes d’activité physique et 15 minutes de conseils nutritionnels), suivi d’une session mensuelle d’une heure jusqu’à la fin des trois années de l’étude. Les sujets du groupe contrôle ont quant à eux reçu des soins standards, mais pas d’accompagnement personnalisé spécifique.
Un index de fragilité (IF) a été calculé à l’inclusion, puis à 6 mois, 1, 2 et 3 ans. Cet index était constitué de 32 items.
Principaux résultats
Au sein de la population évaluée, l’incidence de la fragilité (définie par un IF ≥0,25) était de 21% (241/1.146 sujets, 103 sujets dans le groupe intervention multi-domaines et 138 dans le groupe contrôle) ; l’incidence de la fragilité persistante (sur deux mesures consécutives) a concerné 7,2% des sujets (75/1.042, 27 dans le groupe intervention multi-domaines et 48 dans le groupe contrôle), et 65,9% des sujets (205/311) sont passés d’un état de fragilité à l’absence de fragilité.
Les analyses par régression linéaire à effets mixtes n’ont pas permis de mettre en évidence un bénéfice de l’intervention multi-domaine sur le score de fragilité. En revanche, les sujets ayant participé à l’intervention multidomaines ont eu une diminution du score de fragilité à 3 ans par rapport aux sujets du groupe contrôle (mesurée par la différence moyenne ajustée entre les groupes).
Après ajustement sur la fragilité mesurée à l’inclusion, les sujets ayant participé au programme d’intervention multi-domaines durant 3 ans ont eu une diminution de 28% du risque de développer une fragilité et de 47% de développer une fragilité persistante (hazard ratio respectif de 0,72 [0,55-0,93] et 0,53 [0,33-0,85]).
Principales limitations
Ces résultats sont issus d’analyses secondaires, post-hoc d’un essai évaluant l’amélioration des fonctions cognitives et non la fragilité.
Financement
Étude financée par le gérontopôle de Toulouse, le Ministère français de la Santé, l’Institut Pierre Fabre, Exhonit Therapeutics, Avid Radiopharmaceuticales Inc et l’Agence Nationale française pour la Recherche.
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