Comment a évolué l’incidence des maladies inflammatoires à médiation immunitaire au cours des 30 dernières années ?

Les maladies inflammatoires à médiation immunitaire (IMID) ont en commun une activation inappropriée du système immunitaire conduisant à une inflammation chronique systémique, associée à un déséquilibre de certaines cytokines. Fréquentes dans les pays développés, elles altèrent la qualité de vie, augmentent le risque de comorbidités, en particulier d’autres IMID, et réduisent l’espérance de vie. La Global Burden Study (GBD) est une étude soutenue par l’OMS qui s’est donné pour objet de collecter le maximum de données épidémiologiques sur les maladies dans 204 pays du monde depuis 30 ans (1990-2019). À partir de ces données, une équipe chinoise s’est intéressée à l’évolution au cours du temps de l’incidence de 6 IMID en fonction du genre, de l’âge, et de l’indice sociodémographique* (SDI), au niveau mondial, régional et national.

Six maladies inflammatoires à médiation immunitaire suivies sur 30 ans

Les IMID les plus fréquentes et ayant bénéficié de nouvelles stratégies de traitement au cours de ces dernières années ont été choisies : asthme, maladie inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), sclérose en plaques (SEP), polyarthrite rhumatoïde (PR), psoriasis et dermatite atopique.

D’après les données de la GBD, l’incidence de ces maladies varie selon l’âge, et la distribution des cas incidents tout au long de la vie est propre à chaque maladie. Globalement, pour l’ensemble des 6 IMID considérées, le taux d’évolution annuel moyen (TEAM) des nouveaux cas augmente avec l’âge, avec des particularités pour chacune des pathologies.

De façon globale, le nombre de cas incidents a augmenté entre 1990 et 2019

Sur l’ensemble de la période, le TEAM des cas incidents a augmenté de 0,68%, probablement en raison de l’augmentation et du vieillissement de la population, mais le taux d’incidence standardisé sur l’âge a diminué de -0,34%, avec des variations importantes selon les régions du monde, les évolutions les plus importantes étant observées dans les régions du monde à SDI élevé, les pays à hauts revenus d’Amérique du Nord, et États-Unis d’Amérique. L’incidence des IMID variait également selon le genre, les femmes étant souvent plus concernées (risque multiplié par 2 pour la polyarthrite rhumatoïde par exemple).

Évolution de l’incidence des IMID au cours des 30 dernières années

Sur l’ensemble de la période 2009-2019, l’asthme représentait 54,71%, la dermatite atopique 36,17%, le psoriasis 6,84%, la PR 1,59%, la sclérose en plaques 0,09%, et les MICI 0,60%, de l’ensemble des nouveaux cas d’IMID, avec là aussi des variations selon les régions du monde.

Sur cette même période, le taux d’incidence standardisé sur l’âge a augmenté de façon significative pour la PR (TEAM +0,21%), tandis que celui des autres maladies a diminué : -0,15% pour la DA, -0,41% pour l’asthme, -0,26% pour la sclérose en plaques, -0,77% pour le psoriasis, et -0,32% pour les MICI.

Le taux d’incidence standardisé sur l’âge augmentait avec le SDI dans l’ensemble des pays et les 21 régions du monde et pour les 6 IMID analysées. Les pays qui avaient les taux d’incidence standardisés sur l’âge les plus élevés étaient aussi ceux qui voyaient ces taux diminuer le plus rapidement sur la période analysée, toutes IMID confondues.