Collyres mydriatiques : comment limiter le risque d’effets indésirables graves chez l’enfant ?
- Fanny Le Brun
- Actualités Médicales
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) souhaite alerter les professionnels de santé sur le fait que des effets indésirables graves, voire mortels, associés à une mauvaise utilisation de collyres mydriatiques chez des enfants, continuent d’être remontés.
Pour rappel, on dispose de deux types de collyres mydriatiques :
- Les collyres anticholinergiques et antimuscariniques : atropine, cyclopentolate (Skiacol®) et tropicamide (Mydriaticum®) ;
- Les collyres alpha-mimétiques de type 1 : phényléphrine (Néosynéphrine®).
Quels sont les risques des collyres mydriatiques ?
En cas de mauvaise administration de ces gouttes ophtalmiques, elles peuvent passer dans la circulation sanguine et avoir des conséquences au niveau digestif, cardiovasculaire et/ou nerveux central, en particulier chez de très jeunes enfants (nouveau-nés, nourrissons et prématurés).
Comment éviter ces risques ?
Pour réduire le risque de survenue d’effets indésirables lors de l’administration d’un collyre mydriatique à un enfant, il est nécessaire de :
- Respecter les contre-indications et modalités d’administration (ne pas dépasser les posologies maximales et respecter les intervalles entre chaque administration) ;
- Évaluer les risques liés à une éventuelle comorbidité (ex : surrisque chez les enfants ayant une maladie neurologique comme le syndrome de Down, une paralysie spastique ou des lésions cérébrales) ;
- Tenir compte du délai de dilatation de la pupille avant toute éventuelle nouvelle administration de collyre ;
- Appuyer sur l’angle interne de l’œil de l’enfant pendant 1 à 2 minutes après l’administration du collyre, et essuyer la joue de l’enfant. Ceci permet d’éviter toute ingestion ou absorption par contact avec la peau et de limiter le passage systémique du produit ;
- Être particulièrement attentif au risque de surdosage en cas d’iris foncés, qui se dilatent moins facilement que les iris clairs. Si le cyclopentolate ne fait pas effet, le remplacer par l’atropine ;
- Préférer l’utilisation du tropicamide (Mydriaticum®) à celle de l’atropine chez le prématuré et le nouveau-né, compte tenu du profil de tolérance ;
- Garder à l’esprit que la néosynéphrine 5% et 10% et l’atropine 1% sont contre-indiquées chez l’enfant de moins de 12 ans. Chez l’enfant de moins d’un an, l’utilisation de néosynéphrine 2,5% doit être exceptionnelle et requiert une surveillance de la tension et du rythme cardiorespiratoire pendant les 30 minutes suivant l’administration.
Quelles informations donner aux parents ?
Si c’est un parent qui administre le collyre, il est important de s’assurer qu’il a bien compris les précautions à prendre. En cas de difficulté de compréhension, l’administration doit se faire en présence d’un professionnel de santé.
Après administration du collyre, l’enfant doit être surveillé attentivement pendant 30 minutes. En cas de signes de surdosage, rincer l’œil ou les deux yeux à l’eau tiède. Les patients doivent être informés de la nécessité de consulter immédiatement un médecin ou de contacter le centre antipoison en cas d’apparition de symptômes comme :
- Troubles neurologiques : fièvre brutale et élevée, changement dans le comportement de l’enfant (agitation, hyperexcitabilité, somnolence brutale, hallucinations), confusion, perte de mémoire, maux de tête, vertiges, troubles de l'équilibre, convulsions ;
- Troubles cardiovasculaires : rythme cardiaque rapide ou pression artérielle élevée ;
- Troubles digestifs : gonflement au niveau de l’abdomen, perte de mouvement des muscles de l’intestin, occlusion.
Il est également important de sensibiliser les parents au fait que les collyres ne doivent pas être conservés à portée des enfants pour éviter tout risque d’ingestion accidentelle.
Les conditions de conservation doivent être respectées : certains collyres doivent être conservés au réfrigérateur et la date d’ouverture doit être notée sur le flacon ou l’emballage.
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