COLCORONA : que peut apporter la colchicine dans le traitement du COVID-19 ?
- Tardif JC & al.
- Lancet Respir Med
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
Messages principaux
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Selon l’étude de phase 3 COLCORONA, qui a évalué un traitement par colchicine chez des patients dont les symptômes évoquent la maladie, le critère principal composite (hospitalisation ou décès liés au COVID-19) n’est pas significativement différent entre le bras traité et placebo. En revanche, l’analyse, restreinte aux seuls patients dont le diagnostic a été confirmé par PCR, suggère un léger effet significatif (4,6% vs 6,0%, p=0,042).
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La survenue de 11 embolies pulmonaires sous colchicine contre 2 sous placebo interroge ; selon les auteurs, le lien de causalité n’est pas évident. L’ensemble de ces données, contrastées, invitent à creuser l’évaluation des publics éligibles.
La colchicine est un agent anti-inflammatoire qui a montré une réduction de l’inflammation pulmonaire et de l’insuffisance respiratoire dans un modèle animal de syndrome de détresse respiratoire aiguë. Sur cette base, cette molécule a été envisagée dès le début de l’épidémie comme un traitement préventif potentiel des complications liées au COVID-19.
Méthodologie
COLCORONA est une étude multicentrique de phase 3 canadienne qui a été menée entre mars et décembre 2020 auprès de personnes de plus de 40 ans symptomatiques qui ont reçu un diagnostic de COVID-19 dans les 24 heures, qui n’étaient pas hospitalisées ou ne nécessitant pas d’hospitalisation immédiate. Dans les premiers temps de l’épidémie, le diagnostic pouvait avoir été établi sans test PCR chez des cas contacts. Ces patients ont été randomisés entre un traitement par colchicine 0,5 mg deux fois par jour pendant 3 jours, puis une fois par jour durant 27 jours.
Principaux résultats
Les patients ont été recrutés en moyenne 5,3 jours après le début de leurs symptômes, soit 4.488 patients (53,9% de femmes, âge moyen 54 ans) randomisés entre les deux groupes.
La survenue du critère principal composite (hospitalisation ou décès liés au COVID-19) a concerné 4,7% des sujets sous colchicine et 5,8% de ceux sous placebo (non significatif). Une analyse pré-spécifiée limitée aux 4.159 sujets ayant eu un diagnostic confirmé par PCR, ces chiffres étaient respectivement de 4,6% et de 6,0% (odds ratio 0,75 [0,57-0,99], p=0,042). Une autre analyse non pré-spécifiée des deux paramètres du critère principal suggère que le taux d’hospitalisation est significativement diminué (4,9 vs 6,3%, OR 0,76 [0,58-0,99], p=0,04). Les données relatives aux seuls patients diabétiques ou aux seuls hommes suggèrent aussi un bénéfice modéré de la colchicine.
Concernant la sécurité, les évènements indésirables graves ont concerné 4,9% et 6,3% des patients sous colchicine et sous placebo respectivement. En revanche, 0,5% et 0,1% des patients de chacun des groupes ont présenté une embolie pulmonaire ; aucune n’a induit de mise sous ventilation ou de décès, et tous ont été considérés comme non liés au médicament par les praticiens en charge. Le taux d’évènements indésirables considérés comme liés au traitement était de 24,2% sous colchicine et 15,5% sous placebo et étaient principalement d’ordre gastro-intestinal (diarrhées principalement).
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