CMGF 2023 - L’approche centrée patient pour le dépistage du cancer colorectal
- Serge Cannasse
- Actualités Congrès
L’importance du dépistage du cancer colorectal (CCR) n’est plus à démontrer. Les intervenants à la session qui lui était consacrée au 16ème Congrès Médecine Générale France (CMGF - Paris, 23-25 mars 2023) ont résumé l’enjeu et les moyens d’y répondre.
Le CCR est la deuxième cause de mortalité chez l’homme et la troisième chez la femme, soit plus de 17.000 décès par an au total. Neuf patients sur 10 (90,2%) survivent à cinq ans quand leur cancer est détecté à un stade précoce (local). Ils ne sont plus que 7 sur 10 (71,8%) quand il est détecté à un stade régional. La proportion tombe à 14,3% en cas de cancer métastasé.
Le dépistage organisé du CCR s’adresse aux hommes et aux femmes de 50 à 74 ans à risque moyen de développer ce cancer (sans antécédents personnels ou familiaux de cancer colorectal ou d'adénome et n’ayant ni symptômes évocateurs, ni facteurs de risque particuliers), soit 80% des personnes de cette tranche d’âge. Il consiste à proposer la réalisation d’un test immunologique de recherche de sang occulte dans les selles, tous les deux ans, puis d’une coloscopie en cas de test positif. Depuis 2015, un nouveau test de dépistage est proposé : il est plus simple et plus performant.
La participation de la population cible à ce dépistage est pour le moins sous-optimale : elle oscille autour de 30% depuis plusieurs années, permettant d’éviter tout de même 2.600 décès par an. Mais si elle s’élevait à 65%, ce seraient 6.600 décès par an qui seraient évités. Plus ce dépistage est réalisé tôt (à partir de 50 ans), plus il diminue le risque de décès par CCR, et il en va de même plus il est poursuivi tard, voire toute la vie.
Les facteurs de risque de non-participation sont connus :
- Sexe masculin.
- Situation de santé défavorable : comorbidités, affections de longue durée.
- Âge inférieur à 65 ans.
- Situation sociale défavorable (faible niveau d’éducation, niveau socio-économique défavorisé, résidence précaire, habitat dans un territoire défavorisé, solitude). Dans l’étude FORCEPS (Formation des médecins généralistes à l’approche centrée patients dans le dépistage du CCR), la précarité est un facteur majeur de non-participation.
Les patients disposent de plusieurs moyens pour récupérer le kit.
- Via un professionnel de santé : médecin traitant, généraliste, gynécologue, gastro-entérologue, médecin exerçant dans un centre de santé de l’assurance maladie et depuis 2022, pharmacien. D’autres professionnels de santé sont également susceptibles de le délivrer, dans le cadre d’expérimentation ou de recherche. Les médecins traitants dépistent majoritairement des personnes âgées. Neuf sur dix réalisent effectivement le test, score proche de celui des pharmaciens (88%).
- Par un Centre Régional de Coordination des Dépistages des cancers (CRCDC), qui propose le test tous les deux ans au public cible et l’envoie à toute personne ayant participé au moins une fois à une des trois dernières campagnes et n’ayant pas répondu à des propositions ultérieures.
- Par commande en ligne sur monkit.depistage-colorectal.fr depuis 2022. Les personnes qui entrent dans le programme par ce moyen (62% d’entre elles) vont peu ou pas chez le médecin.
L’étude FORCEPS a montré qu’une approche centrée patient améliore le taux de dépistage des patients de médecins généralistes. Cette approche consiste à explorer la santé et l’expérience de la maladie des patients, à tenter de les comprendre dans leur globalité biopsychosociale, à trouver un point d’accord avec eux et à développer la relation avec eux.
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