CMGF 2022 - La place déterminante du généraliste en santé mentale

  • Serge Cannasse
  • Actualités Congrès
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Le Congrès du Collège de médecine générale, qui s’est tenu à Paris du 24 au 26 avril 2022, a consacré une session à la santé mentale. 

En effet, la prise en charge des troubles et affections de santé mentale est une activité quotidienne des médecins généralistes. Elle est problématique du fait de ce que Marie-Hélène Certain (médecin généraliste) nomme un « brouillard conceptuel », aussi bien pour y voir clair dans la nosographie que dans l’abondance des structures impliquées. Il est par ailleurs souvent difficile d’adresser les patients à un psychiatre. Cette prise en charge reste souvent hospitalo-centrée, alors que la grande majorité de ces patients peut être suivie par les généralistes : tout ne relève pas du psychiatre dans la santé mentale.

Pour être efficace, elle doit s’appuyer sur une approche globale, biopsychosociale, impliquant donc les champs du soin, du médico-social, du social et de l’éducatif : elle est pluriprofessionnelle, avec l’enjeu de faire intervenir chaque professionnel « au bon moment et pour la bonne personne ». Cela implique entre autres de respecter la hiérarchie des niveaux de soins (primaire, secondaire, tertiaire), d’adopter une approche territoriale dans leur organisation et d’encourager les innovations impliquant les soins de santé primaires. Les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ont un rôle clef à jouer, en favorisant l’identification des professionnels pertinents et leur coordination.

Quatre exemples de ces innovations ont été donnés.

  1. L’inter CPTS du Tarn et Garonne a développé le dispositif Ecout’émoi, qui a trois objectifs : informer les jeunes et leurs proches, repérer puis évaluer les jeunes (6-21 ans) en souffrance psychique, proposer des accompagnements adaptés. L’équipe comprend médecin généraliste ou scolaire (chargés de l’évaluation initiale,) des psychologues (qui recourent au nouveau système de consultations remboursées), des psychiatres (en cas de problème complexe) et une coordinatrice.

  2. Les microstructures médicales associent chacune un cabinet médical ou une maison de santé, un psychologue et un travailleur social, qui mettent en place un parcours de soins individualisé et coordonné. En février 2022, il existait 103 microstructures en France, prenant en charge 3.446 patients et associées dans la CNRMS (Coordination Nationale des Réseaux de Microstructures – https://www.reseaux-rms.org/).

  3. Le groupe Médecine Générale et Psychiatrie d’Indre et Loire a pour but de faciliter l’accès à un avis psychiatrique rapide et à des conduites à tenir argumentées (pharmacologiques et cliniques), avec notamment pour enjeu de diminuer le recours aux CMP (centres médicopsychologiques) pour leur adresser les patients pertinents. Elle organise des soirées thématiques pour les professionnels de santé libéraux ainsi que du social et médico-social.

  4. Les dispositifs SESAME (Soins d’Équipe en SAnté Mentale) sont construits sur un dispositif de type Asalée (associant un médecin de maison de santé et une infirmière salariée) supervisé par un psychiatre référent. Le généraliste voit le patient puis l’adresse à l’infirmière, qui le reçoit tous les quinze jours et peut éventuellement l’orienter vers un psychologue (avec le nouveau système des consultations remboursées) et/ou le secteur médico-social. Le patient est reçu par le généraliste tous les mois. Le suivi dure de 6 à 12 mois, avec évaluation finale.

 Le Collège de Médecine Générale a entrepris une réflexion de fond, s’appuyant sur les expériences en cours, les textes des institutions et les discussions avec tous les professionnels impliqués. Le but est de rédiger « un texte fondateur : la place du médecin généraliste en santé mentale », outil pour peser sur les orientations et les décisions des autorités de santé.

D’ores et déjà, il ressort des travaux que trois facteurs sont déterminants pour une bonne prise en charge :

  • L’accessibilité géographique du médecin généraliste.

  • La mise en place d’outils communs, dont le langage.

  • Les financements d’initiation et de pérennisation des projets.

Le risque est d’accumuler des dispositifs déjà pléthoriques et illisibles pour les patients comme pour les praticiens.