CMGF 2022 - Du bon usage de la télémédecine en médecine générale

  • Serge Cannasse
  • Actualités Congrès
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Le Congrès du Collège de médecine générale, qui s’est tenu à Paris du 24 au 26 avril 2022, a consacré une session à la télémédecine. 

Alors qu’une minorité de médecins généralistes (5%) avaient recours à la téléconsultation jusqu’en 2020, depuis les trois quarts l’ont pratiqué au moins une fois (75% en mai 2020) et en sont satisfaits (78% en janvier 2021). Cela ne va pas sans craintes de leur part (déshumanisation, risque d’erreurs, atteintes à la confidentialité). Un travail de recherche a évalué l’intention des médecins d’utiliser la télémédecine. Les résultats ont montré que pour quatre médecins sur cinq (78%), les principaux facteurs favorisants son utilisation étaient la performance escomptée (ce qu’on en attend) et l’habitude (plus on l’utilise, plus on a l’intention de l’utiliser ; inversement, sans expérience, on est réticent). La formation initiale des médecins peut être le bon moment pour s’y initier, notamment au travers de mises en situation des internes, comme cela a été expérimenté dans le projet TELE-ECOS de l’Université de Paris.

Le Collège de la médecine générale a mis en place un groupe de travail sur le « bon usage » de la télémédecine en médecine générale. Il formule les préconisations suivantes.

Indications :

  • Répondre à une demande simple non programmée de soins, ne nécessitant pas d’examen physique.

  • Réévaluer l’évolution d’une pathologie aiguë sans nécessité de déplacement.

  • Apporter une réponse à une urgence ressentie ne nécessitant pas de consultation présentielle.

  • Le critère principal est de ne pas entraîner de perte de chance pour le patient.

S’assurer de bonnes conditions de réalisation :

  • Prévoir un cadre calme avec une connexion de qualité (la tester avant).

  • Disposer des documents concernant le motif de consultation.

  • Conseiller aux plus fragiles et plus vulnérables de se faire assister.

  • Respect de la confidentialité (le patient est-il seul ?)

Évaluer l’adaptation de la téléconsultation à la situation médicale :

  • Pas de caractère de gravité ou d’urgence nécessitant une prise en charge hospitalière urgente.

  • Pas de nécessité d’une consultation présentielle très rapide mais non urgente dans le cadre de soins programmés ou d’une consultation présentielle qui peut être différée.

Être bien conscient des limites de la technique

  • Modification de la perception du malade (absence de vision d’ensemble et de communication non verbale, notamment).

  • Pas d’examen physique ni d’examens complémentaires rapides de pratique courante (TDR, bandelette urinaire, etc).

Et de ses risques :

  • Ignorer un motif caché de consultation.

  • Ne pas relier différents épisodes de plaintes, retardant un diagnostic de pathologie chronique ou de somatisation.

  • Repousser une consultation présentielle avec le risque d’un retard diagnostique.

  • Favoriser le nomadisme médical.

  • Favoriser la surconsommation médicale.

Les recommandations de l’Ordre des médecins :

  • Les préconisations du groupe de travail sont cohérentes avec celles de l’Ordre :

  • Avoir déjà reçu le patient en présentiel.

  • Pratiquer la téléconsultation dans le cadre d’un parcours de soins.

  • La téléconsultation doit rester une activité partielle, au maximum 20% du total des consultations (l’Ordre interdit l’exercice exclusif en téléconsultation).

  • Ne pas recourir aux plateformes d’offres de soins, du fait du risque de marchandisation.

Le Conseil de l’Ordre rappelle que la sécurité d’utilisation et d’hébergement des données sont à vérifier par le médecin utilisateur lui-même.

Reste enfin le problème des inégalités d’accès aux soins, que la télémédecine peut aggraver, du fait que de nombreux patients n’ont pas le matériel ou les connexions adéquates ni l’habitude d’utiliser des outils numériques.