CMGF 2022 - COVID-19 long : un syndrome varié mais bien réel
- Serge Cannasse
- Actualités Congrès
Le Congrès du Collège de médecine générale, qui s’est tenu à Paris du 24 au 26 avril 2022, a consacré une session aux “Symptômes prolongés de la Covid-19 et autres symptômes aspécifiques.”
D’après le ministre des solidarités et de la santé, le Covid long toucherait environ 700.000 personnes en France. La Haute Autorité de Santé a défini trois critères pour caractériser cette maladie :
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Existence d’un épisode initial de Covid-19, confirmé (biologie, radiologie, clinique), ou probable par l’association d’au moins trois signes, de survenue brutale, dans un contexte épidémique (fièvre, céphalée, fatigue, myalgie, dyspnée, toux, douleurs thoraciques, diarrhée, odynophagie).
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Présence d’au moins un des symptômes initiaux au-delà de 4 semaines après le début de la phase aiguë de la maladie.
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Symptômes initiaux et prolongés non expliqués par un autre diagnostic sans lien connu avec le Covid-19.
L’OMS apporte quelques précisions ou ajouts :
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Début des symptômes dans les trois mois après l’épisode initial et durée de plus de deux mois.
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Il peut s’agir de nouveaux symptômes survenant après la guérison.
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Les symptômes ont un impact sur la vie quotidienne.
De fait, les symptômes sont variés (des études chinoises en ont répertorié 51). Parmi eux :
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Des troubles cardiovasculaires (arythmie, acrosyndrome, infarctus du myocarde, …).
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Des troubles respiratoires (troubles de la diffusion, syndrome obstructif, …) stables et associés à des performances physiques altérées.
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Des troubles neuropsychiatriques (syndrome anxiodépressif, déficit cognitif portant sur la mémoire, l’attention, fatigue, troubles du sommeil, etc).
Cela étant, il faut noter que les données sont très discordantes selon le pays d’où elles viennent et qu’il peut exister un écart important entre ce qui est rapporté par les patients et ce que constatent les médecins.
Des hypothèses physiopathologiques bien documentées
Les mécanismes impliqués sont vraisemblablement multiples. Au départ, l’infection initiale n’aurait pas été totalement guérie, du fait de facteurs génétiques, hormonaux, immunologiques, etc. Cela aboutirait à la persistance d’antigènes viraux (de natures variées) dans différents réservoirs possibles. Elle provoquerait une prolongation de l’immunité innée et adaptative, avec deux grands types de conséquences :
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Activation de la coagulation et inflammation endothéliale avec rupture éventuelle de la barrière hématoencéphalique, entrainant une diminution du captage de l’oxygène par les cellules, notamment au niveau du tronc cérébral.
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Hyperproduction de radicaux libres, activation de l’autoimmunité et activation mastocytaire, entrainant la prolongation des symptômes inflammatoires à l’origine des troubles cutanés, de fièvre, de troubles ORL, etc.
Pour Dominique Salmon Ceron (Département des maladies infectieuses et tropicales, Hôtel Dieu, Paris), il faut prendre avec précaution les conclusions des auteurs de l’étude basée sur la cohorte Constances, qui mettaient en avant l’importance des troubles fonctionnels. Elles sont basées sur la sérologie négative au SARS-CoV-2 de nombreux patients. Or, même chez les patients atteints, elle peut le devenir assez rapidement. C’est donc un « mauvais critère ».
Par ailleurs, a souligné Philippe Cornet (Professeur de médecine générale, Paris), toute maladie comporte sa part de répercussions fonctionnelles, car elle implique pour le patient un profond remaniement identitaire, imposant une élaboration nouvelle de son histoire personnelle. Si la médecine répond à la question « comment se développe la maladie ? », elle ne répond pas à l’interrogation « pourquoi moi ? ».
Enfin, Claude Bronner (Strasbourg) a rappelé que le Covid long peut parfaitement être pris en charge par les médecins généralistes, mais qu’en cas de situation complexe, ils peuvent solliciter les cellules de coordination post-Covid, qui associent plusieurs professionnels de santé et sont en voie de déploiement sur tout le territoire.
Ressources
Diagnostic et prise en charge des patients avec un syndrome post réanimation (PICS) chez l’adulte - Note de cadrage. HAS, 2 février 2022.
Covid long, symptômes prolongés du Covid-19 : de quoi parle-t-on ? Ameli, 25 mars 2022.
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