Cinq ans après un diagnostic de cancer bronchique : comment se sentent les patients ?

  • Nathalie BARRÈS
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude nationale française [1] montre que les facteurs associés à une altération de la qualité de vie au moins 5 ans après avoir reçu un diagnostic de cancer bronchique varient en fonction de l’âge du patient.
  • Quel que soit l’âge, un soutien psychologique et une activité physique adaptée peuvent être proposés pour améliorer la qualité de vie mentale et la symptomatologie physique.
  • Pour les patients ≥70 ans, souffrant de douleurs neuropathiques, des thérapies analgésiques peuvent être proposées pour améliorer leur qualité de vie à long terme.

 

Pourquoi est-ce important ?

En France, le cancer bronchique est le 2e cancer en termes de fréquence chez l’homme et le 3e chez la femme. Il s’agit le plus souvent d’un cancer survenant chez les sujets âgés, l’âge médian au diagnostic est de 67 ans pour l’homme et 65 ans pour la femme. Le pronostic vital de ce cancer est sombre avec une survie nette standardisée à 5 ans de 17% seulement. Cette survie à 5 ans varie cependant en fonction du stade de la maladie (55% pour une maladie localisée, 4% pour une maladie métastatique). La survie nette, bien que faible, tend à augmenter avec les nouvelles thérapeutiques. Si des études ont exploré la qualité de vie dans les premiers mois post-traitement, les données à plus long terme sont plus rares. 

Méthodologie

Cette étude française a comparé la qualité de vie 5 ans après un diagnostic de cancer du poumon entre des individus âgés de 70 ans et plus et des individus plus jeunes. Le diagnostic de cancer bronchique a été posé entre janvier 2010 et décembre 2011.

Les facteurs associés à un mauvais pronostic en termes de qualité de vie ont également été recherchés dans les deux groupes. Les données sont issues de patients ayant participé à l’enquête VICAN5 [2].

Principaux résultats

Sur les 4.174 participants à l’enquête VICAN5, 371 étaient atteints de cancer bronchique (60,8% d’hommes, 90,1% de cancer du poumon non à petites cellules – sans différence entre les deux groupes d’âges). L’âge moyen au diagnostic était de 56,1 ans. Cinq ans après le diagnostic, 21,3% des individus inclus avaient ≥70 ans. Le pourcentage d’hommes était plus élevé dans le groupe de sujets les plus âgés. Par rapport aux plus jeunes, les plus âgés étaient moins susceptibles d’être gênés par leur apparence ou discriminés à cause de leur cancer, mais ils étaient plus susceptibles que les plus jeunes de ressentir des conséquences négatives liées à leur cancer, en particulier ils évoquaient avoir moins de force et avoir plus de mal à apprécier la vie. 

Par rapport à la population générale du même âge, 67% des participants avaient une qualité de vie physique altérée et 28% une qualité de vie mentale altérée. La qualité de vie physique et mentale était significativement plus altérée chez les patients <70 ans par rapport aux plus âgés.

Cinq ans après le diagnostic, les plus âgés étaient plus susceptibles de recevoir un traitement systémique continu, d’avoir un score de comorbidité élevé au moment du diagnostic et un Performance Status de 0 ou 1, de souffrir de dénutrition et de se plaindre d’une perte auditive sévère depuis le diagnostic. Les plus âgés étaient moins susceptibles que les plus jeunes de recourir à des médecines complémentaires, d’être anxieux ou d’avoir une qualité de vie mentale altérée, de souffrir de fatigue ou de douleurs neuropathiques présumées et de faire état de séquelles liées au cancer. Ils craignaient également moins les récidives que les plus jeunes.

Sur les 311 patients qui avaient des données concernant leurs traitements, 77,5% avaient subi une première intervention chirurgicale et 41,8% avaient un cancer évolutif sans différence pour ces deux sujets entre les 2 groupes d’âges.

Chez les plus de 70 ans, en analyse multivariée, seul le fait de se sentir gêné par son apparence et la suspicion de douleur neuropathique étaient associés de manière indépendante à l’altération de la qualité de vie physique. Toujours en analyse multivariée, l’altération de la qualité de vie mentale était indépendamment associée à un score PTGI (Post-Traumatique Growth Inventory) faible et à la suspicion de douleurs neuropathiques. 

Chez les moins de 70 ans, en analyse multivariée, l’altération de la qualité de vie physique était indépendamment associée au sexe masculin, au stade métastatique du cancer, à des douleurs neuropathiques présumées, à la présence d’effets secondaires graves et à la difficulté à respirer au repos au cours des 7 derniers jours. L’altération de la qualité de vie mentale était indépendamment associée au sexe masculin, à un ECOG-PS altéré et à une anxiété présumée ou confirmée.