Ciclosporine ou méthotrexate : comparaison face-face dans la dermatite atopique sévère de l’enfant

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude randomisée qui visait à proposer des alternatives aux traitements innovants de la dermatite atopique chez l’enfant de 2 à 16 ans a montré que le méthotrexate et la ciclosporine sont des traitements efficaces après 36 semaines de suivi. La ciclosporine avait un délai d’action plus rapide mais l’efficacité du méthotrexate était plus prolongée notamment après arrêt du traitement. La fréquence des effets indésirables était comparable et la majorité étaient bénins, sans anomalies significatives au cours de la surveillance biologique.
  • Aucun de ces traitements n’est autorisé chez l’enfant dans le traitement de la dermatite atopique, mais les preuves apportées « comblent une lacune importante dans la recherche en comparant l'efficacité de deux traitements fréquemment prescrits dans ce contexte ». Des analyses tirées de cohortes prospectives en vie réelle seraient utiles pour en confirmer les résultats.

Pourquoi est-ce important ?

Environ 5% des enfants ayant une dermatite atopique ne répondent pas aux traitements topiques et nécessitent un traitement systémique. Plusieurs médicaments ciblés ont été récemment enregistrés dans cette indication, mais leur coût peut conduire à des difficultés de prescription. D’autres médications conventionnelles moins innovantes comme la ciclosporine ou le méthotrexate semblent être des alternatives envisageables dans cette indication, une méta-analyse en réseau récente ayant confirmé une efficacité satisfaisante chez les adultes, comparativement au dupilumab. Les données relatives à ces deux molécules sont rares chez les enfants. l’étude TREAT (TREatment of severe Atopic Eczema Trial) visait donc à évaluer leur efficacité et sécurité chez les enfants atteints de DA sévère.

Méthodologie

TREAT est un essai clinique randomisé multicentrique qui a recruté des enfants âgés de 2 à 16 ans reçus dans l’un des services de dermatologie participants, en Angleterre ou en Irlande. Ils devaient présenter un eczéma atopique sévère (score objectif de sévérité o-SCORAD≥30) et une réponse inadéquate à un traitement topique puissant. Ils ont été randomisés (1:1) entre un traitement par ciclosporine (4 mg/kg/j en deux prises orales par jour, jusqu'à un maximum de 5 mg/kg/j selon la réponse) et un traitement par méthotrexate (dose initiale 0,1 mg/kg per os à l’inclusion, puis 0,4 mg/kg/sem) durant 36 semaines. Les co-critères principaux d’évaluation étaient les variations de score de sévérité observées à 12 semaines et le temps écoulé jusqu'à la première rechute significative après l'arrêt du traitement (définie par le fait de devoir reprendre le traitement systémique ou de revenir au score o-SCORAD de l’inclusion).

Principaux résultats

Au total, 103 enfants ont été inclus et traités dans cette étude par ciclosporine ou par méthotrexate. À 12 semaines, le score de gravité o-SCORAD était plus fortement amélioré par rapport à l’inclusion dans le groupe ciclosporine versus le groupe méthotrexate : delta de -5,69 points sur cette échelle ([-10,81 à -0,57], p=0,013). Ils étaient aussi respectivement 48% et 35% dans les groupes ciclosporine et méthotrexate à avoir eu une poussée de la maladie après l'arrêt du traitement. Pris globalement, ces deux modalités thérapeutiques conduisaient à conclure que le co-critère d’évaluation était similaire dans les deux groupes de traitement (HR 1,55 [0,77 à -3,10], p=0,16). Les analyses de sensibilité ont conduit à des conclusions comparables.

Parmi les différents critères d’évaluation secondaires, le score de sévérité EASI sous ciclosporine semblait supérieur à celui du méthotrexate à 12 semaines, équivalent à 36 semaines et inférieur ensuite, et ce jusqu’à la 60semaine. Aucune différence de qualité de vie n’a été observée à aucun moment de l’étude.

Une surveillance sanguine régulière a été mise en œuvre durant l’étude afin d’identifier les signaux de sécurité relatifs aux traitements. L'incidence des événements indésirables était comparable entre les deux groupes et les événements graves étaient faibles et légers, bien que légèrement plus fréquents que ceux rapportés dans les études menées chez les enfants avec les médicaments innovants.