Choix alimentaires et MICI : comment évoluent-ils en fonction des caractéristiques de la maladie ?

  • Bergeron F & al.
  • Clin Nutr

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

Les résultats de cette étude suggèrent que les exclusions alimentaires sont communes et variées chez les sujets atteints d'une maladie inflammatoire chronique des intestins (MICI). Ces patients auraient tendance à exclure les plats à base de capsaïcine, et ceux réputés pour être riche en fibres et/ou résidus. L’exclusion augmentait durant la phase active de la maladie, et serait plus fréquente chez les sujets présentant des formes sténosantes de la maladie de Crohn (MC).

Pourquoi est-ce important ?

En l’absence de recommandations alimentaires spécifiques, les patients atteints de MICI évitent d’eux-mêmes ou sur conseils de leur médecin certains aliments. Si des études observationnelles ont déjà décrit les types d’aliments évités, l’intérêt de cette publication a été d’évaluer les modifications des habitudes alimentaires en fonction des caractéristiques physiopathologiques des MICI (intensité, typologie, localisation, …). 

Cette étude ouvre la voie vers des recherches nutritionnelles spécifiques tenant compte des caractéristiques des MICI, et vers des perspectives de conseils du fait des déficits potentiels liés à l’éviction de certains aliments.

Méthodologie

Cette étude longitudinale canadienne a évalué la variation des habitudes alimentaires des sujets souffrant de MICI en fonction du type de MICI (maladie de Crohn ou MC,  ou de rectocolite hémorragique ou RCH), de l’activité de la maladie (rémission ou active), de la localisation (iléale ou non), des antécédents de résection et de fistules ou sténoses intestinales.

Les patients inclus étaient suivis en ambulatoire. Ils devaient rapporter les types d’aliments qu’ils évitaient parmi une liste de 82 aliments classés en 10 catégories, lorsqu’ils percevaient être en rémission et lorsque leur maladie était active. 

Principaux résultats

Au total, 140 femmes et 105 hommes, âgés de 18 à 74 ans ont participé aux analyses. La plupart des patients avaient une MC (70,6%), et principalement d’origine iléale (48,2%). Moins de patients atteints de MC étaient traités par aminosalicylés par rapport aux patients atteints de RCH (p<0,001). Inversement, plus de sujets souffrant de MC étaient traités par immunosuppresseurs (p=0,005) et agents biologiques (p=0,013). Plus des trois quarts des patients rapportaient des troubles gastro-intestinaux déclenchant l’éviction de certains aliments.

Le taux d’exclusion individuel d’items alimentaires variait entre 1 et 39% (valeur médiane 8,6% [4,5-17,2)] en rémission et entre 1 et 69% (valeur médiane 27,4 [15,1-42,0]) en phase active de la maladie.

Les aliments les plus souvent exclus à la fois en période de rémission (29-39%) et en phase active (58-69%) étaient les suivants : aliments épicés, légumes et haricots, maïs et petit pois, maïs soufflé et légumes crus à feuilles.

Globalement le taux d’exclusion était 38% plus élevé en cas de maladie de Crohn qu’en cas de RCH (p<0,001), et 50% plus élevé dans les formes sténosantes de la maladie de Crohn que dans les formes non sténosantes (p<0,001).

Le nombre moyen d’aliments exclus par patient variait entre 0 et 63 (valeur médiane à 6 [0-13] en phase de rémission, avec 74,7% des patients déclarant avoir exclus au moins un item alimentaire. Le nombre d’aliment exclus atteignait 0 à 81 en période active (valeur médiane 21 [7-35]), avec 90,6% des patients qui excluaient au moins un aliment. Le taux d'exclusion était doublé en période de rémission cas de MC sténosante par rapport aux MC non sténosantes.

Principales limitations

Faible nombre de patients.