Chirurgie thoracique : la colchicine faible dose prévient-elle les complications cardiaques ?
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- Selon l’ étude COP-AF menée auprès de patients subissant une chirurgie thoracique lourde, le risque de fibrillation auriculaire (FA) significative ou de lésions myocardiques (MINS ou myocardial injury after non cardiac surgery) périopératoires n’est pas réduit par un traitement de 10 jours par colchicine 0,5 mg 2 fois/j versus placebo. Cependant, les analyses post-hoc ayant inclus ces co-critères dans un critère d’évaluation composite montrent un bénéfice apporté par la colchicine. Il en était de même pour plusieurs critères secondaires.
- Les auteurs estiment que la colchicine pourrait avoir une taille d'effet modérée qu’il convient d’explorer. L’hétérogénéité de l’effet de la colchicine sur les MINS en fonction du type de chirurgie « soulève (...) la possibilité que les élévations de troponine dans les chirurgies moins invasives sont plus souvent causées par l'inflammation que dans les autres chirurgies ». De futurs essais pourraient explorer les groupes de patients dans lesquels la colchicine pourrait avoir un intérêt.
Pourquoi est-ce important ?
Les patients qui subissent une chirurgie thoracique lourde non cardiaque sont exposés à un risque de fibrillation auriculaire et de lésions myocardiques post-chirurgicales. L’inflammation apparaît comme l’un des facteurs prédisposants les plus importants. L’idée d’intervenir en prophylaxie par un traitement anti-inflammatoire a donc fait l’objet d’investigations. Le recours à la colchicine – molécule peu onéreuse au profil pharmacologique bien connu – a été évalué dans le cadre de petites études randomisées concluantes, suivies de deux essais de plus grande envergure (LoDoCo2, COLCOT), ayant tous deux fait la preuve d’une réduction significative des principales complications cardiovasculaires chez des patients coronariens. Cette étude visait à mesurer son efficacité dans la prévention des complications cardiovasculaires après une chirurgie thoracique non cardiaque, contexte dans lequel aucune étude n’a pour l’heure été menée. Elle montre une absence d’efficacité sur la FA par rapport à celle observée en chirurgie cardiaque : dans ce dernier cas, la FA pourrait être plus fortement associée à l'inflammation qu’en chirurgie thoracique.
Méthodologie
COP-AF est une étude pilote menée auprès de patients de 55 ans ou plus devant subir une intervention chirurgicale thoracique lourde non cardiaque nécessitant au moins 24 h d’hospitalisation. Ils ont été randomisés (1:1) entre un traitement par colchicine orale 0,5 mg ou un placebo administré 2 fois/j pendant 10 jours, la première prise ayant eu lieu dans les 4 heures précédant l'intervention. Les co-critères d’évaluation étaient la survenue sur 14 jours d’une FA cliniquement importante (nécessitant un traitement ou entraînant une insuffisance cardiaque, une hypotension ou un angor) et la survenue de lésions myocardiques (MINS, infarctus du myocarde ou élévation de la troponine considérée comme d'origine ischémique)s.
Principaux résultats
Au total, 3.209 patients ont été recrutés (âge moyen 68 ans, 48,4% de femmes). La plupart étaient opérés pour une lobectomie (63,6%), et 92,9% des patients avaient été opérés pour une pathologie tumorale suspectée ou confirmée.
À 14 jours de suivi, la survenue d’une FA cliniquement significative a concerné 6,4% et 7,5% des patients traités respectivement par colchicine et placebo (rapport de risque absolu ou RRa 1,1% [-0,7 à 2,8], p=0,22) et celle d’un MINS chez 18,3% et 20,3% d’entre eux respectivement (RRa 2,0% [-0,8-4,7], p=0,16). Globalement, 80,7% et 97,7% de ces deux types d’événement ont eu lieu avant le 6e jour post-opératoire. Les critères secondaires étaient également équivalents entre les deux groupes de patients : mortalité toutes causes confondues, MINS non fatals, AVC non fatal.
Selon l’analyse post-hoc, une différence significative est apparue entre les deux traitements lorsqu’ils étaient intégrés dans un seul critère d’évaluation composite (22,4% vs 25,9%, HR 0,84 [0,73-0,97]). Il en était de même pour le critère secondaire composite (mortalité cardiovasculaire, MINS non fatals, AVC non fatal et FA périopératoire significative : 22,6 vs 26,4%, HR 0,83 [0,72-0,96]).
Sur le plan de la sécurité, le critère composite de septicémie ou d'infection était comparable entre les deux groupes (6,4% vs 5,2%, HR 1,24 [0,93-1,66]). L'incidence des diarrhées non infectieuses était supérieure sous colchicine (8,3% vs 2,4%).
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