Chimiothérapies par fluoropyrimidines : pas de première dose sans uracilémie !

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Les chimiothérapies anticancéreuses à base de fluoropyrimidines, à savoir le 5-fluorouracile (5-FU) et la capécitabine (Xeloda® et génériques), peuvent entraîner des toxicités sévères voire fatales. Une partie de ces toxicités est liée à un déficit d’activité de la principale enzyme permettant l’élimination de ces médicaments, appelée dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD). Ce déficit peut être partiel (3 à 5% des patients) ou total (entre 0,01% et 0,5% des patients). Ainsi, depuis 2018, il est recommandé de rechercher systématiquement un éventuel déficit en DPD chez tous les patients devant recevoir une chimiothérapie utilisant les fluoropyrimidines et pour lesquels l’activité de cette enzyme n’est pas connue. Ce dépistage, qui repose sur la mesure de l’uracilémie, doit être fait avant l’administration de la première dose.

Diminution des décès

D’après le dernier rapport de l’enquête de pharmacovigilance mise en place depuis 2018, le nombre de signalements de décès ou de mise en jeu du pronostic vital en lien avec un déficit en DPD a diminué. Depuis 2020, aucun cas « évitable » de décès ou de mise en jeu du pronostic vital n’a été identifié chez des patients traités par une fluoropyrimidine et non dépistés pour le déficit en DPD. Une augmentation importante du nombre de tests de dépistage a également été observée, passant d’environ 6.500 tests annuels avant février 2018 à 65.000 en 2022.

Des manquements encore importants

Malgré une augmentation du nombre de dosages d’uracilémie, des manquements importants ont été mis en évidence dans trois études monocentriques françaises mesurant l’application de l’obligation de dépistage du déficit en DPD. En effet, bien que ce dosage semble être effectué chez la quasi-totalité des patients traités par fluorouracile ou capécitabine, il n’est pas systématiquement réalisé avant le début du traitement. Ainsi, la part de patients chez qui le résultat du test d’uracilémie est disponible avant la première dose de traitement varie de 21% à 72% selon les centres, selon des données disponibles entre 2019 et 2021.

En pratique

Face à ces constatations, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) souhaite rappeler aux professionnels de santé que :

  • Ce dosage doit être réalisé avant l’administration de la première dose de 5-FU ou capécitabine. Le prescripteur doit obligatoirement mentionner « résultats uracilémie pris en compte » sur l’ordonnance et le pharmacien doit obligatoirement vérifier la présence de cette mention avant toute dispensation. 
  • En cas de déficit complet en DPD : le traitement par une fluoropyrimidine est contre-indiqué.
  • En cas de déficit partiel en DPD : une posologie adaptée peut éventuellement être proposée mais nécessite alors une surveillance renforcée d’éventuels effets indésirables et un suivi thérapeutique pharmacologique.

La direction générale de la santé a envoyé un rappel de ces obligations aux établissements de santé et aux professionnels de santé.