Cette année Delta, l'année prochaine Omicron ... et après ?
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales
Oui. Les cartes au niveau mondial sont rebattues… Depuis 2020, les véritables dirigeants de ce monde ne s'appellent pas Joe Biden, ni Xi Jinping, ni même Vladimir Poutine… Le véritable souverain est un minuscule virus de moins de 150 nm de diamètre, au nom à rallonge : "Severe acute respiratory syndrome coronavirus type 2", en abrégé SARS-CoV-2. Ce virus à ARN domine depuis des mois les agendas et les conférences de nombreux puissants du monde politique et scientifique, il fait monter et descendre les cours de la bourse, détermine si nous pouvons rendre visite à des amis ou aller au théâtre ; et surtout… ce minuscule virus tue. Les données officielles annoncent plus de 5 millions de morts à travers le monde depuis le début de la pandémie. Un chiffre largement sous-estimé selon différentes études.
Delta - le variant dangereux de l'année 2021
Si les images de Bergame et de New York resteront longtemps dans la mémoire de nombreuses personnes, les choses sont devenues encore plus sombres lorsqu'est apparu le variant Delta en 2021. Car Delta est aussi contagieux que le virus de la varicelle, et entraîne des évolutions plus sévères de la maladie, expliquaient par exemple en juillet dernier les "Centers of Disease Control and Prevention" à Atlanta. Des scientifiques britanniques ont rapporté dans la revue "Lancet Infectious Diseases" que le risque d'hospitalisation – mesuré chez des sujets majoritairement non-vaccinés - serait environ deux fois plus élevé en cas d'infection par le variant Delta du coronavirus que par le variant Alpha. Raisons possibles des réinfections malgré la vaccination selon une publication du "The New England Journal of Medicine": un système immunitaire faible, l'âge (immunosénescence), une efficacité réduite du vaccin, une diminution de l'efficacité du vaccin. Selon des données récentes provenant d'Israël le risque d'infection augmente même 90 jours après la 2e dose de vaccin avec Comirnaty, Odds Ratio 2,37 [1,67 - 3,36]. Ces reinfections contribuent à conforter la nécessité d’une dose de rappel. Nombreuses études ont montré l’intérêt de ce rappel, incitant de fait plusieurs États à engager des campagnes de rappel vaccinal. Une analyse de données publiée mi-septembre en Israël a montré que l’administration d’une 3e dose du vaccin de Pfizer-BioNTech chez des personnes de plus de 60 ans avait permis de réduire par plus de 10 le nombre de cas confirmés de COVID-19 et par près de 20 le nombre de cas sévères.
L’intérêt de la dose de rappel chez les moins de 65 ans a également été confirmé
Les données intermédiaires présentées par Pfizer/BioNTech lors d'une réunion de l'APIC (Advisory Committee on Immunization, Centers for Disease Control and Prevention) à Atlanta montrent l’efficacité et la sécurité de la dose de rappel, chez les sujets de 16 ans et plus. Fin novembre, début décembre 2021, l’Institut Pasteur a publié deux rapports complémentaires montrant l’impact de la reprise des gestes barrières et de l’adhésion des adultes à une troisième dose de rappel sur la cinétique de l’épidémie. La fin du mois de novembre a également été marquée en France, par l'ouverture de la dose de rappel dès 18 ans et 5 mois après la fin de la primo-vaccination. Un rappel qui conditionne la validité du passe sanitaire.
Problèmes de sécurité
En 2021, ce sont les annonces de complications inattendues à type de myocardites survenues après la vaccination notamment avec le vaccin ARNm de Moderna qui ont inquiétées les experts et la population. Des données issues d'une étude de registre menée au Danemark, en Finlande, en Norvège et en Suède ont suggéré que le risque de péricardite/myocardite pourrait être plus élevé avec le vaccin Moderna qu'avec le vaccin de Pfizer/BioNTech. Ceci a entrainé des restrictions d'utilisation du vaccin Moderna dès début octobre dans les pays nordiques. Des données provenant de France ont également montré un risque accru de myocardite après vaccination avec le vaccin Moderna.
Comme dans d'autres études, ce sont surtout les jeunes hommes qui étaient concernés, le risque de myocardite étant ici aussi nettement plus élevé après la vaccination avec le vaccin Moderna qu'après la vaccination avec le vaccin Biontech/Pfizer.
Bien que les données montrent clairement une augmentation du risque de myocardite après l'application d'un vaccin à ARNm, le rapport bénéfice/risque de la vaccination reste clairement positif. Les myocardites liées au vaccin sont certes possibles, mais très rares, comme l'ont montré, entre autres, les données actuelles de deux études menées en Israël.
De plus, les inflammations du muscle cardiaque ont été légères chez la plupart des patients. Les jeunes se remettent rapidement d'une myocardite après avoir été vaccinés contre le COVID-19, ont également rapporté récemment les auteurs d'une évaluation de données américaines. Les études menées jusqu'à présent par le comité de sécurité de l'EMA (PRAC) ont en outre montré que les myocardites étaient rares après la vaccination contre le SARS-CoV-2. Les données britanniques actuelles le confirment également : une myocardite due à la vaccination est rare et surtout nettement moins fréquente et moins grave qu'une myocardite due au coronavirus.
Vaccination efficace et sûre, même pour les enfants
Les vaccins ARNm se sont également révélés extrêmement efficaces et surtout sûrs chez les enfants en âge de fréquenter l'école primaire. Ainsi, le vaccin ARNm BNT162b2 a induit une séroconversion à la semaine 4 après la 2e vaccination chez 99% des enfants de 5 à 11 ans et les a protégés à près de 91% contre une infection. Près de cinq millions d'enfants âgés de 5 à 11 ans sont aujourd'hui vaccinés contre le COVID-19 aux Etats-Unis, et aucune inflammation du muscle cardiaque n'a été constatée jusqu'à présent, selon le Dr Rochelle Walensky, directrice des Centers for Disease Control and Prevention, citée par Meidender echten. Après avoir recommandé le 30 novembre dernier la vaccination des enfants de 5-11 ans fragiles face à la COVID-19 ou vivant dans l’entourage de personnes immunodéprimées, la HAS a rendu le 20 décembre un avis favorable à la vaccination de tous les enfants de 5-11 ans, sans condition d’obtention d’un passe sanitaire et en priorisant les enfants de moins de 12 ans scolarisés au collège.
Après Delta… Omicron…
Un nouveau variant a commencé à envahir l’Europe, faisant parler du risque d’une 6ème vague avant même que la 5ème ne soit terminée… Les raisons de l'inquiétude : le risque de réinfection est nettement plus élevé avec la variante Omicron qu'avec les variantes Beta et Delta. La protection vaccinale est clairement plus faible, comme le montrent les analyses de laboratoire et les premières données cliniques.
Omicron se propage à une vitesse qui n'a encore jamais été vue ! Tous les signaux sont au rouge.
Une lueur d'espoir... bien fragile
Trois nouveaux traitements contre la COVID-19 viennent d’être approuvés par l’Agence européenne du médicament (EMA) : l’antiviral oral Paxlovid de Pfizer (PF-07321332 et ritonavir), l’anticorps monoclonal Xevudy® GSK/Vir Biotechnology (sotrovimab), et l’immunosuppresseur Kineret® de Swedish Orphan Biovitrum AB (anakinra).
En revanche, plusieurs antiviraux se sont montrés moins efficaces vis-à-vis du variant Omicron...
Ce qui est sûr, c'est que le virus constituera toujours une préoccupation majeur en 2022...
L'article originale écrit par le Docteur Thomas Kron, a initialement été publié sur le site internet Univadis Germany.
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