Ces traitements qui induisent des troubles hépatiques…

  • Hoofnagle JH & al.
  • N Engl J Med

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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14 à 19 cas/100.000 personnes, c’est l’incidence estimée des troubles hépatiques d’origine médicamenteuse.

Trois types d’altérations sont identifiées :

  • L’hépatotoxicité directe. Elle est prévisible, dose dépendante et reproductible sur modèle animal. Elle survient rapidement après une prise à dose élevée ou après augmentation des doses (entre 1 à 5 jours selon les doses). La nécrose hépatique sévère constitue la forme clinique la plus courante avec la plupart du temps, une augmentation des enzymes hépatiques, sans jaunisse et sans symptômes associés. Le retour à la normale s’opère dans ce cas avec l’arrêt du traitement, diminution de dose ou par phénomène d’adaptation. La nécrose hépatique aiguë est la forme d’hépatoxicité directe cliniquement apparente la plus courante. Le pronostic vital peut être engagé. Les molécules les plus souvent incriminées sont les fortes doses de paracétamol, de vitamine B3 (niacine), d’aspirine, de cocaïne, d’amiodarone en IV, de méthotrexate en IV, ainsi qu’un certain nombre de chimiothérapies anticancéreuses. Ces molécules pourront être réintroduite à faible dose ultérieurement.
  • L’hépatotoxicité idiosyncratique est rare (1/2.000 à 1/100.000 patients-exposés). L’atteinte est non prévisible, non dose-dépendante, non reproductible sur modèle animal. Elle survient entre quelques jours et plusieurs années après l’exposition au médicament. Les lésions sont hépatocellulaires, cholestatiques, ou mixtes. L’hépatite hépatocellulaire aiguë est la forme la plus courante. Elle conduit à une hépatite aiguë pouvant se confondre avec une hépatite virale aiguë. Une hépatite chronique est une forme moins commune. Toutes les formes d’hépatites idiosyncratiques peuvent être accompagnées de caractéristiques immunoallergique (rash, fièvre,…). Les traitements les plus souvent associés sont des antibiotiques : amoxiciline/acide clavulanique, céphalosporines, isoniazide, nitrofurantoïne, minocycline, fluoroquinolones et macrolides.
  • Les lésions hépatiques indirectes résultent de l’action des médicaments plutôt que de leurs effets hépatotoxiques. Les caractéristiques cliniques sont celles de la maladies sous-jacente ou de la prédisposition (la stéatose hépatique peut par exemple être un effet indirect d’un traitement favorisant le gain de poids). Les agents antinéoplasiques, les corticoïdes, les anticorps monoclonaux, les inhibiteurs des protéines kinases sont parmi les agents les plus souvent impliqués. Ces réactions sont communes à l’ensemble d’une classe thérapeutique. Les lésions hépatiques indirectes constituent une nouvelle forme d’hépatotoxicité non encore totalement admise.

Seuls 3 médicaments parmi les 25 les plus souvent incriminés ont été commercialisés après 2000, suggérant une recherche préclinique plus approfondie des évènements indésirables hépatiques. Les auteurs de cette revue mentionnent également une augmentation des cas d’atteintes hépatiques suite à l’administration de compléments alimentaires ou de traitements à base de plantes.