Certains traits psychologiques favoriseraient l’HTA résistante

  • Georges CMG & al.
  • Blood Press

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

  • Des traits psychologiques comme la somatisation ou la difficulté à gérer les situations difficiles sont associés à la sévérité de l’hypertension artérielle (HTA) ou au risque d’une faible adhésion aux traitements antihypertenseurs.
  • Ces données suggèrent que les traits psychologiques seraient un élément utile à évaluer et à prendre en considération pour accompagner les patients dans l’initiation et le suivi de leur HTA, afin de proposer un accompagnement spécifique le cas échéant et d’optimiser les chances de contrôle tensionnel.

Pourquoi est-ce important ?

Certains traits psychologiques peuvent influencer à la fois l'adhésion au traitement antihypertenseur et la gravité de l'hypertension, notamment dans les cas d’HTA difficile à traiter. Les auteurs de cette étude ont mené une étude pilote préalable auprès de 35 patients qui a montré qu’une hospitalisation récente pour HTA, la capacité de somatisation et la moindre capacité à relativiser face à des événements négatifs constituaient des facteurs de risque de mauvaise adhésion au traitement, tandis que le recours important au blâme des autres et de soi-même est un facteur associé à la sévérité de l’HTA. Dans les deux cas, les patients étaient fréquemment atteints de symptômes d'évitement et d'émoussement émotionnel. Afin de confirmer et compléter ces données, une nouvelle étude a été menée auprès d’une cohorte plus large.

Méthodologie

Des patients adultes issus de deux centres spécialisés (à Bruxelles et Turin) ont été recrutés consécutivement pour une HTA résistante à trois lignes de traitement antihypertenseur correctement conduites (confirmée sur mesure ambulatoire de la pression artérielle). Ils ont bénéficié de plusieurs évaluations psychologiques (deux questionnaires de régulation des émotions ERQ et CERQ, un pour l’évaluation de l’alexithymie TAS-20, un pour le syndrome de stress post-traumatique PDS, Brief Symptom Inventory pour les symptômes psychologiques), Leurs données ont été comparées à celles de patients hypertendus bien contrôlés par leur traitement et suivis par ces mêmes centres. L’adhésion au traitement était évaluée à partir de dosages médicamenteux urinaires.

Principaux résultats

Au total, l’étude a comparé 81 patients atteints d’HTA résistante et 63 ayant une HTA contrôlée. Les premiers avaient une adhésion moyenne de 78,9% contre 92,7% (p=0,022).

Plusieurs traits psychologiques ont été associés à une mauvaise adhésion au traitement, comme les difficultés à décrire ses sentiments, l’alexithymie totale, les stratégies adaptatives, l'anxiété ou la somatisation. Chez les sujets hypertendus contrôlés, seule l’ancienneté de l’HTA était associée à l’adhésion thérapeutique.

Les analyses de régression conduites après inclusion de tous les paramètres d’intérêt dans le modèle ont permis d’identifier trois facteurs prédictifs d’une mauvaise adhésion thérapeutique : la somatisation, le tabagisme actif et la faible acceptation des situations difficiles. Ces trois paramètres expliquent à eux seuls 40,6% de la variabilité du niveau d'adhésion.

Celles conduites concernant les facteurs prédictifs de la sévérité de l’HTA ont permis d’identifier 4 paramètres : les trois précédents auxquels s’ajoute le nombre d'admissions à l'hôpital pour HTA. Ce modèle explique 63,2% de la variabilité de la sévérité de l’HTA.