Certaines activités agricoles sont plus fortement associées au risque de dépression
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- Selon la première grande étude conduite à partir des bases de données de santé nationales, des chercheurs français ont décrit que les éleveurs bovins (laits et viande), de volailles et de lapins, les agriculteurs en polyculture sont les professions les plus exposées au risque de dépression parmi l’ensemble des 26 activités agricoles recensées par la MSA (Mutualité Sociale Agricole) sur la période 2002-2016.
- Le taux global de prévalence de la dépression – évalué à 28,2 cas pour 1.000 personnes-années (PA) – est plus élevé que dans les études parues précédemment. Les auteurs avancent plusieurs explications : difficultés d’accès aux soins, difficultés à concilier vie professionnelle et vie personnelle, isolement, problèmes financiers… ainsi que certaines spécifiques aux éleveurs (contraintes sanitaires, crises sanitaire et économique, temps libre réduit…). Ils questionnent aussi le rôle de l’utilisation des pesticides, décrits par ailleurs comme associés à un surrisque de dépression parmi leurs utilisateurs.
Pourquoi est-ce important ?
Les risques psychosociaux des professions du secteur primaire sont connus et la dépression est l’une des principales pathologies à laquelle ils sont confrontés. Cependant, la disparité de l’activité agricole invite à affiner les connaissances sur le sujet, en intégrant notamment une évaluation longitudinale des risques de dépression. Cette étude est la première à être conduite en France sur les données nationales, en détaillant la vulnérabilité spécifique à chacun des types d’activités agricoles pratiqués. Ses résultats invitent à concentrer les efforts de prévention et d’accompagnement auprès des professionnels les plus exposés.
Méthodologie
Le projet TRACTOR est conduit par un laboratoire de recherche grenoblois. Les travaux ont été conduits à partir de la base de données des cotisants MSA et les bases de données médico-administratives nationales afin d’identifier les diagnostics, ALD (affection longue durée) ou prescriptions relatifs à la dépression.
Principaux résultats
Au total, la population incluse dans l’étude représentait 1.088.0561 personnes sur la période 2002-2016 : parmi eux, 7,76% ont été touchés par une dépression, soit 28,2 cas pour 1.000 PA, les cas étant globalement deux fois plus nombreux parmi la population féminine (46,6 vs 21,6/1.000 PA). Environ 1 sur 5 ne recevait pas de prescription d’antidépresseurs.
Selon l’analyse multivariée, les activités les plus à risque de dépression étaient celles impliquant du bétail, l'élevage de volailles et de lapins (hazard ratio ou HR 1,37 [1,27-1,50]), ou d’autres types d’élevage (non spécifié ou mixte avec un HR compris entre 1,30 [1,24-1,36] et 1,96 [1,53-2,53]). Les entreprises de jardinage, d'aménagement paysager et de reboisement étaient aussi plus vulnérables (HR 1,30 [1,19-1,43]). Les risques de dépression sont apparus supérieurs chez les femmes que chez les hommes dans la plupart des activités agricoles.
Chez les femmes, les activités les plus associées au risque étaient l'élevage porcin et la filière bois notamment. Chez les hommes, il s’agissait de la viticulture et la conchyliculture.
Financement
Cette étude a été financée par la MSA.
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