Cérébro-lésions aigues : la réactivation herpétique est-elle un biomarqueur pronostique pertinent ?
- Chaumette T & al.
- Am J Respir Crit Care Med
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
-
Une étude française confirme l’hypothèse que la réactivation herpétique des patients cérébrolésés en réanimation constitue un risque d’accroître la durée de séjour en réanimation et le pronostic neurologique à 6 mois.
-
Cette observation serait liée à une reprogrammation de la réponse monocytaire. Ces observations peuvent favoriser le développement d’approches pronostiques ou préventives.
Pourquoi est-ce important ?
Il a été décrit par ailleurs que des lésions cérébrales aiguës - par exemple secondaires à un AVC ou un traumatisme - favorisent une réponse anti-inflammatoire systémique qui accroît transitoirement une susceptibilité accrue aux infections. Ce constat a été confirmé pour les infections respiratoires, avec une vulnérabilité des patients cérébrolésés en réanimation vis à vis des pneumonies. Mais quid de la réactivation des herpesvirus ? Pour le savoir, une équipe française a conduit une étude prospective auprès de sujets cérébrolésés accueillis en réanimation.
Méthodologie
L’étude Ibis-virus est une étude observationnelle, monocentrique, prospective qui a recruté des patients de 18-75 ans admis en réanimation au CHU Nantes pour une lésion cérébrale aiguë entre 2013 et 2019. Des prélèvements sanguins et tests virologiques ont été effectués.
Principaux résultats
Au total, 232 des 344 patients inclus dans cette étude étaient séropositifs pour l'HSV : parmi eux, 39% ont présenté une réactivation du HSV au niveau respiratoire au cours des deux semaines suivant l’évènement neurologique. Parallèlement, pour ceux qui étaient séropositifs pour le CMV, 11% avaient aussi présenté une réactivation au cours de cette période.
Par ailleurs, comparativement aux patients n’ayant pas eu de réactivation du HSV, le risque de développer une pneumonie (risque relatif 1,54 [1,11-2,13]) et de rester hospitalisé en réanimation (risque relatif 1,57 [1,22-2,03]) était accru. Cette réactivation était aussi associée à un mauvais pronostic neurologique à 6 mois (HR ajusté 1,9 [1,08-3,57], p=0,03).
Les auteurs ont ensuite exploré les caractéristiques et mécanismes immunitaires relatifs à ces observations. Ils ont ainsi caractérisé une reprogrammation des monocytes par analyse de la réponse transcriptomique, qui se traduisait par la diminution des voies de signalisation impliquées dans la réponse à l'interféron et la réponse antivirale. Ce résultat a été confirmé au sein d’une cohorte de validation : la signature spécifique mise en évidence permet de prédire un mauvais pronostic neurologique à 6 mois (Aire sous courbe 0,786 [0,593-0,978]).
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé