CCRm : quels sont les critères favorisant la survenue de toxicités sévères précoces ?
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales
À retenir
Plusieurs équipes de chercheurs et praticiens français ont collaboré pour identifier les facteurs prédictifs d’une toxicité sévère précoce chez les patients traités par une chimiothérapie de première ligne pour cancer colorectal métastatique. Les conclusions de cette étude soulignent que :
- La fréquence des évènements indésirables de grade ≥3 est importante et ce quel que soit le traitement.
- Plusieurs caractéristiques des patients peuvent permettre de prédire la survenue précoce de ces évènements indésirables graves : performance status de 2, trithérapie, phosphatases alkalines >300 UI/L, absence de résection préalable.
La survenue d’évènements indésirables sévères impacte le pronostic vital du patient, d’où l’intérêt de savoir identifier ces facteurs prédictifs pour adapter la prise en charge.
Méthodologie
Les données explorées proviennent de patients inclus dans 10 études prospectives réalisées par la Fédération Francophone de Cancérologie Digestive. Au total, les données de 2.190 patients ont été analysées. Les toxicités précoces sévères étaient définies par les effets indésirables de grade III ou plus dans les trois mois qui suivent l’initiation de la chimiothérapie.
Principaux résultats
L’âge médian des patients inclus était de 67 ans. Les tumeurs étaient majoritairement situées dans le côlon gauche, et plus de la moitié des sujets présentaient au moins deux sites métastatiques. Au global, 1.068 patients ont reçu une monothérapie, 395 une bithérapie et 727 une trithérapie.
La totalité des patients ont reçu du 5-FU, 39,6% ont reçu de l’irinotecan, 13,4% de l’oxaliplatine, 29,6% du bevacizumab ou de l’aflibercept (1,8%).
La durée et le nombre de cycles (valeurs médianes) étaient de 3,6 mois et 8 cycles pour le traitement en monothérapie, 5,3 mois et 12 cycles pour la bithérapie, et 5,2 mois et 12 cycles pour la trithérapie.
Au global, la toxicité de grade ≥3 a concerné 52,2% des patients : 22,8% étaient alors sous monothérapie, 62,7% sous bi-thérapie et 53,9% sous trithérapie. Cette toxicité est survenue en valeur médiane, 0,5 mois après le début de la monothérapie et de la bithérapie et 1,1 mois après le début de la trithérapie.
Les effets indésirables de grade ≥3 étaient avant tout des anomalies biologiques (neutropénie, cholestase, thrombocytopénie), et/ou gastro-intestinales (diarrhées, nausées, vomissements, mucites), ainsi que des troubles généraux (fièvre, asthénie) ou vasculaires (événements thromboemboliques, hypertension).
La survie globale médiane des patients sans événement indésirable de grade 3 ou plus était significativement plus importante que celle des patients qui développaient ce type d’évènements (HR 0,87, p=0,004).
Après ajustement, le risque d’effet indésirable de grade ≥3 était augmenté de 59% chez les patients qui n’avaient pas eu de résection primaire par rapport à ceux qui en avaient eu une (OR 1,59, p=0,02). Ce même risque était plus que doublé chez les patients qui avaient un performance status de 2, plutôt que 0 ou 1 (odds ratio (OR) 2,57, p= 0,02), ou qui avaient été traités par trithérapie plutôt que par une monothérapie (OR 2,31, p=0,02). Ce risque était même triplé chez les patients qui avaient un taux de phosphatase alkaline >300 UI/L, p<0,001.
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