Cas clinique : Un vieil homme décède d’une cause non négligeable

  • Thomas Kron
  • Actualités Médicales
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À retenir

  • Lors des examens post-mortem, il arrive que des éléments soient négligés. 
  • Un « cas flagrant d’erreur de diagnostic » qui n’a été détecté que lors de l’examen post-mortem au crématoire et de l’autopsie médico-légale. 
  • Ce cas a été rapporté par des médecins légistes de l’équipe du Professeur Claas Buschmann de l’hôpital universitaire Schleswig-Holstein de Kiel/Lübeck [1].

Le mort et la première autopsie

Le cadavre déjà en décomposition d’un homme de 74 ans a été retrouvé dans son logement privé. Le médecin légiste (un médecin généraliste qui avait exercé dans la police pendant de nombreuses années, et qui était spécialisé dans les prélèvements sanguins, les examens post-mortem, etc.) a déclaré : « Il y avait une large flaque de sang autour de la tête du cadavre, mais le médecin légiste a estimé qu’il n’y avait pas de blessures reconnaissables. La cause du décès a été documentée comme étant une “hémorragie gastro-intestinale”. »

Cependant, l’examen post-mortem effectué au crématorium a révélé « une blessure sèche noirâtre à bords irréguliers sur la tempe droite », conduisant à une demande d’autopsie médico-légale.

Les conclusions du médecin légiste

  • Balle attachée à la tête avec un seul coup dans la tempe droite ainsi que des fractures du crâne dues à la balle.
  • Balle de plomb déformée dans le tissu cérébral.
  • Pas d’hémorragie gastro-intestinale.
  • Examens toxicologiques : niveaux thérapeutiques des médicaments prescrits, le tramadol et le métamizole (ou dipyrone, analgésique).

Déroulement et éclaircissements

Ni la police ni le médecin légiste n’ont remarqué la présence d’une arme à feu sur les lieux, indiquent encore les experts médico-légaux. Cependant, lors d’une inspection plus détaillée de l’appartement, deux armes à feu de fabrication artisanale ont été trouvées sur le bureau. L’une d’elles contenait une cartouche non tirée, disponible dans le commerce, tandis que l’autre contenait une douille du même type. Les employés du service de l’ordre public avaient déjà partiellement vidé l’appartement, qui avait été descellé avant la crémation, et avaient manipulé les deux armes à feu sans les reconnaître comme telles.

Le décès a été classé comme un suicide et l’enquête sur le décès a été clôturée.

Discussion

Les décès par arme à feu sont très variés, selon les experts médico-légaux, et chaque décès par arme à feu nécessite un traitement méticuleux. Les suicides avec des armes à feu artisanales sont rares, et ces dernières ne sont pas toujours reconnues comme telles. Il s’agit souvent d’armes à feu qui ressemblent à des stylos à bille. Les stylos tireurs sont connus depuis les années 1940, expliquent les auteurs. 

Les armes à feu examinées dans le cas de l’homme de 74 ans avaient un pouvoir de pénétration exceptionnellement élevé. Par rapport aux armes de poing conventionnelles, les stylos à bille peuvent atteindre des niveaux d’énergie similaires à ceux des pistolets de sport de petit calibre et, par conséquent, avoir un potentiel de blessure similaire. D’après les informations complémentaires fournies par les experts médico-légaux, il est probable que les stylos de chasse aient été confondus avec des instruments d’écriture ou des outils de travail. 

Même le médecin légiste inexpérimenté aurait dû remarquer la blessure sur la tempe droite, soulignent les auteurs. Le cas de cette personne de 74 ans souligne l’importance d’une autopsie médicale approfondie. Dans ce cas non seulement le suicide aurait pu ne pas être détecté, mais le second projectile non tiré aurait pu entraîner des blessures graves, voire mortelles, s’il avait été manipulé par inadvertance.

Cet article a été rédigé par le Dr Thomas Kron et initialement publié sur Univadis.de.