Cas clinique : un homme, une femme et une perceuse électrique

  • Dr. med.Thomas Kron
  • Actualités Médicales
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À retenir

Le fait qu'une femme tente de tuer son compagnon bien qu’inhabituel n’est pas un fait rarissime, du moins pour les juristes, les collaborateurs des commissions d'homicide et les médecins légistes.

Pendant de nombreux siècles, les femmes ont le plus souvent utilisé le poison pour tuer. L'ex-épouse d'un homme de 47 ans a utilisé une "arme de crime moderne et assez peu conventionnelle". Ce cas a été décrit par des médecins légistes de Hambourg.

Le patient et son histoire

Selon les médecins légistes, l'homme de 47 ans a passé une soirée dans son appartement avec sa fille adoptive et son ex-femme. Lorsque l'homme s'est endormi, son ex-femme a pris une perceuse d’une longueur de 65 à 70 cm et a enfoncé une mèche dans l'oreille droite de l'homme. Selon les auteurs, la mèche serrée dans le mandrin avait une longueur de 35 cm et un diamètre de 10 mm. Après l'acte, la femme aurait pris la fuite. L'homme aurait réussi à s'échapper de l'appartement et à attirer l'attention sur lui avant de perdre connaissance.

Résultats des examens

- Le canal de la plaie s’étendait du conduit auditif externe vers le centre du crâne, avec une légère inclinaison vers l’avant.

- Canal auditif cartilagineux déchiré.

- Après le glissement de la mèche sur la mastoïde, poursuite du trajet en oblique vers l'avant et le bas, le long branche montate de la mandibule.

- Lésion de la veine jugulaire interne, rupture de l'artère occipitale et déchirure du nerf accessoire, en outre destruction du nerf hypoglosse et muscle stylohyoïdien déchiqueté.

- Glande parotide perforée, destruction intraglandulaire de certaines branches du nerf facial (conséquence : une parésie faciale périphérique).

Traitement et évolution

Après son admission à la clinique, l'homme a été immédiatement opéré et a survécu à ses blessures. Après l'opération, il a développé un psychosyndrome organique avec des troubles de l'orientation, un ralentissement psychomoteur et une humeur dépressive. Une hémiparésie gauche accentuée au niveau du bras avec une faible spasticité est restée durable.

La femme, qui s'est enfuie immédiatement après les faits, a été recherchée au moyen d'un mandat d'arrêt international et finalement arrêtée. Elle a avoué les faits et a évoqué comme motif des violences sexuelles répétées de la part de son ex-mari (jugement : une peine d'emprisonnement de 3 ans et 4 mois).

Discussion

Comme l'expliquent les médecins légistes, les blessures causées par des perceuses électriques sont généralement involontaires ou liées à une intention suicidaire. En tant qu'instrument, les perceuses électriques sont pertinentes aussi bien pour les actes suicidaires que pour un meurtre, car elles sont facilement accessibles et se trouvent dans presque tous les foyers en différentes tailles.

D'un point de vue médico-légal, il est parfois difficile de faire la différence entre les blessures causées par des perceuses électriques et celles causées par une intention suicidaire, expliquent les médecins légistes. Outre l'existence de blessures de défense actives et passives ou de blessures d'essai et d'hésitation, l'accessibilité du point d'entrée de l'outil de suicide devrait être considérée comme un aspect important. Dans le cas de l'homme de 47 ans, c'est surtout l'absence de blessures défensives qui a fait naître le soupçon d'un suicide ou d'une tentative de suicide. Cependant, l'homme ayant été attaqué pendant son sommeil, il n'aurait pas eu la possibilité de se défendre. Seule l'expertise différenciée, avec une comparaison de la configuration de la perceuse utilisée (longueur totale proche de 70 cm) et de la biométrie du bras du lésé, a permis d'exclure un suicide.