Cas clinique : lorsque des cheveux gris reprennent des couleurs…

  • Actualités Médicales
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Cette repigmentation peut, en effet, être le signe d'un mélanome, comme dans le cas d'un homme décrit par des dermatologues américains dans l'American Journal of Medicine.

Le patient et son histoire

Un homme de 85 ans s'est rendu à la clinique dermatologique de l'Université du Michigan, à Ann Arbor, parce que ses cheveux blancs étaient redevenus foncés par endroit en l'espace de quelques mois. L'anamnèse a révélé que l'homme avait déjà été diagnostiqué d'un mélanome et d'un cancer de la peau par le passé.

Résultats et traitement

Patient avec des cheveux gris-blancs, mais tachetés de brun sur le côté pariétal droit, avec une peau de couleur modifiée en dessous. Une biopsie révèle un mélanome in situ (type lentigo maligna). La thérapie proposée est l’excision.

Discussion 

« En cas de repigmentation de cheveux blancs ou gris, il faut envisager comme cause, un lentigo malin du cuir chevelu », comme l’évoquent les auteurs américains autour du Dr. Julie Gessler. Ce cas, n'est pas le seul cas de repigmentation des cheveux consécutive à un mélanome décrit par la littérature. Des dermatologues américains ont rapporté un cas similaire il y a trois ans dans l'American Journal of Dermatopathology. Il s'agissait alors d'un homme de 80 ans aux cheveux gris qui s'était présenté à la clinique dermatologique avec une mèche de cheveux noirs de 3 cm sur le sommet du crâne, qui s'était développée au cours d'une année. Les biopsies au poinçon ont montré une prolifération des mélanocytes dendritiques et une extension le long de l'épithélium de la gaine externe de la racine du follicule et de l'épiderme interfolliculaire, associée à une hyperplasie mélanocytaire dendritique marquée et à des mélanocytes pigmentés à l'intérieur des bulbes pileux. Bien que les résultats des biopsies n'aient pas permis de conclure à un mélanome in situ, la répartition interfolliculaire irrégulière des mélanocytes était l'indice d'un processus atypique selon les auteurs. Comme ils le rapportent, une excision complète a été réalisée et un mélanome in situ de type lentigo maligna a été détecté.

Pour autant, la repigmentation des cheveux n'est pas uniquement le signe d'un mélanome : elle pourrait également être un bon marqueur de la réponse au traitement chez les patients atteints de cancer bronchique et recevant une immunothérapie, comme l'ont rapporté en 2017 les auteurs espagnols d'une série de cas dans JAMA Dermatology. Selon eux, 14 patients ont vu leurs cheveux se repigmenter pendant leur traitement anti-PD-1/anti-PD-L1 contre le cancer du poumon. Cette repigmentation a consisté en un assombrissement diffus des cheveux chez 13 des 14 patients et en des taches noires entre les cheveux blancs chez un patient. Treize patients sur 14 présentaient une bonne réponse clinique au traitement ; un seul a dû arrêter le traitement après quatre cycles en raison d'une progression de la maladie.

Ce cas clinique a été écrit par le Dr Thomas Kron.