Carcinome rénal métastatique : quand la signature génomique guide le choix thérapeutique …

  • Dr Claude Biéva

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales de MediQuality
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Dans le carcinome rénal, l'étude IMmotion 150 avait déjà abordé la question de la réponse aux traitements selon l'expression élevée ou faible des signatures transcriptomiques des gènes associés dont ceux liés à l'angiogenèse ou à la fonction T effectrice. Aujourd'hui, IMmotion 151 évalue l'impact de ces signatures sur le choix thérapeutique. Les patients avec un carcinome rénal à cellules claires et/ou sarcomatoïde, avancé ou métastatique, sont traités par une association d'un anti-PD-1 et d'un anti-VEGF vs un inhibiteur de tyrosine kinase. C'est l'analyse finale de cette étude qui vient publiée dans le JAMA Oncology de décembre avec les résultats en survie sans progression et en survie globale pour l'ensemble de la population et selon les profils transcriptomiques.

Dans le carcinome rénal, seulement 40% des patients répondent à l'immunothérapie dont 10% ont une réponse complète avec disparition de la tumeur et des métastases et 30% une réponse partielle. Pour identifier les patients les plus susceptibles d'en bénéficier, on recherche aujourd'hui les caractéristiques épigénétiques de la tumeur. L'étude IMmotion150 avait posé les premiers jalons en montrant que la réponse au traitement pouvait différer selon l'expression élevée ou faible des signatures génomiques. IMmotion151 va plus loin en montrant tout l'intérêt de tenir compte de ces signatures pour choisir plutôt un schéma associant un inhibiteur des points de contrôles immunitaires (ICI) + un anti Vascular Endothelial Growth Factor (anti-VEGF) ou plutôt une monothérapie par un inhibiteur de tyrosine kinase et le lien avec la réponse au traitement en termes de survie sans progression et survie globale. 

 

L'importance des profils transcriptomiques

L'étude1 a inclus 915 patients avec un carcinome rénal à cellules claires et/ou sarcomatoïde, avancé ou métastatique, PD-L1+, naïfs de traitement, randomisés pour recevoir un ICI, l'atézolizumab, et un inhibiteur du VEGF, le bévacizumab, versus un inhibiteur de tyrosine kinase, le sunitinib. Une analyse intérimaire avait seulement montré une amélioration de la survie sans progression. Les données sur la survie globale étaient encore immatures. Sur les 823 patients analysables, les résultats montrent que la survie globale médiane en ITT est similaire dans les 2 groupes (36,1 mois vs 35,3 mois) et dans la population PD-L1+ (38,7 mois vs 31,6 mois). En regardant les sous-groupes, on note une tendance à l'amélioration de la survie globale chez les patients dont les tumeurs ont un profil transcriptomique de type petits ARN nucléolaires (35,4 mois vs 21,2 mois, HR = 0,70). Un profil angiogénique bas et un profil T-effecteur élevé sont associés à une survie sans progression allongée sous association atézolizumab + bévacizumab. Par contre le bénéfice du sunitinib est plus important en cas de profil angiogénique élevé. Sur le plan de la sécurité d'emploi, le taux d'effets secondaires de grades 3-4 liés au traitement est de 46% sous association. Les arrêts de traitement sont plus fréquents sous association que sous monothérapie (28% vs 12%).

 

Un outil contributif ou décisif ?

Ces données montrent que le profil transcriptomique peut guider le choix thérapeutique en particulier entre une association à base d'un ICI et une thérapie ciblée. Elles confortent le concept d'une médecine personnalisée qui prend en compte plus d'éléments que la seule expression de PD-L1. Encore faudra-t-il s'entendre sur ce qu'est un profil transcriptomique élevé ou bas et les poids respectifs des différents biomarqueurs.

Cet article a été écrit par le Dr Claude Biéva, et initialement publié sur le site MediQuality.