Cancer : quelle attention porter au sommeil de vos patients ?

  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude confirme la prévalence élevée des troubles du sommeil chez les patients traités pour un cancer.
  • La moitié des patients souffrant de troubles du sommeil étaient traités pour ces troubles sans pour autant de modification de leur qualité de vie.
  • Les femmes traitées par hormonothérapie pour cancer du sein avaient globalement plus de difficultés à s’endormir que les autres et souffraient plus souvent de douleurs. Chez les hommes traités pour un cancer de la prostate, le surpoids était le seul facteur significativement associé aux troubles du sommeil.
  • Les auteurs de cette étude ont souligné « l’importance de la prise en charge globale des patients atteints de cancer et le recours pour leurs troubles du sommeil à des traitements par thérapies cognitivo-comportementales plutôt qu’à des traitements médicamenteux qui peuvent avoir des effets délétères dans ce contexte ».

Pourquoi est-ce important ?

Il est dorénavant admis que les troubles du sommeil constituent un facteur de risque de cancer mais que ces troubles sont également une conséquence de l’activation du système immunitaire et inflammatoire induite par le cancer. De précédentes études avaient aussi démontré que le travail de nuit augmentait significativement le risque de cancer, en particulier de la prostate, du colon-rectum et du sein. Par ailleurs, les troubles du sommeil sont, selon les études, retrouvés chez 30 à 50% des sujets qui reçoivent un diagnostic de cancer ou qui ont été récemment traités pour un cancer. D’où l’importance de reconnaître et de prendre en charge ces troubles du sommeil pour leur impact sur la qualité de vie et pour leur contribution à un certain nombre de comorbidités.

Méthodologie

Cette étude prospective monocentrique a été menée à partir de patients traités pour cancer du sein ou de la prostate lors du confinement lié à la pandémie de COVID-19. Elle s’appuie sur 2.000 heures d’entretiens téléphoniques, basés sur un questionnaire d’évaluation du sommeil, inspiré du questionnaire STOP-BANG et portant sur 6 items. Les données démographiques, les antécédents médicaux, les antécédents de traitements et les traitements anticancéreux en cours, l’état de l’humeur du patient, son anxiété, dépression et le recours à des somnifères ont été analysés.

Principaux résultats

Au global, 905 patients ont été inclus dans les analyses (âge moyen 66,7 ans, 67% de femmes, 15,6% ont déclaré être en surpoids). Le cancer du sein était le cancer le plus fréquemment rapporté. Les réveils nocturnes ont été rapportés par 70% des patients, la fatigue par 50%, des difficultés à l’endormissement par 38%, des ronflements par 38% et des apnées du sommeil par 9% d’entre eux. Les deux derniers items ont été rapportés par un observateur indépendant.

Les troubles du sommeil ne différaient pas entre les patients qui avaient recours à un traitement du sommeil (50% de la population) et les autres.

Une analyse univariée a été réalisée en fonction de la présence ou non de fatigue et a montré que celle-ci était significativement plus importante chez les patients qui avaient déclaré des difficultés à l’endormissement, des douleurs et des réveils nocturnes fréquents, ainsi que chez ceux qui recevaient des traitements contre leur cancer.

Des analyses spécifiques tenant compte du fait que le patient soit ou non traité par hormonothérapie ont montré que les femmes traitées par hormonothérapie pour cancer du sein avaient globalement plus de difficultés à s’endormir que les autres et souffraient plus souvent de douleurs. Chez les hommes traités pour un cancer de la prostate, le surpoids était le seul facteur significativement associé aux troubles du sommeil.