Cancer durant l’enfance et complications à l’âge adulte
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
À retenir
- En France, actuellement 1 adulte sur 440 âgé de 20 à 45 ans aurait été traité pour un cancer durant l’enfance.
- 60% risquent de souffrir de complications liées au traitement ou à la maladie, et pour 25% les séquelles pourraient être sévères.
- Les adultes guéris d’un cancer pédiatrique se désengagent souvent du suivi pourtant nombre de complications peuvent apparaître au long cours.
Pourquoi est-ce important ?
Dans l’Union européenne, chaque année 50.000 nouveaux cas de cancers sont diagnostiqués chez les moins de 25 ans. En France, un adulte sur 440 actuellement âgé de 20 à 45 ans aurait été traité pour cancer dans l’enfance. D’importants progrès thérapeutiques ont été réalisés et ont contribué à amener le taux de survie à 5 ans post-cancer pédiatrique à 80% en Europe occidentale. Cela ne signifie pas pour autant que la vie post-cancer est indemne de complications.
Quelles sont les principales morbidités ?
Les études ont permis de mettre en évidence qu’environ 60% des sujets ayant été guéris d’un cancer pédiatrique risquent de souffrir de complications liées au traitement ou à la maladie, et pour 25% les séquelles pourraient être sévères.
Les complications endocriniennes concernent environ 50% des patients au cours de leur vie et sont associées à des complications osseuses, métaboliques et en lien avec la croissance. La tumeur, le traitement de la tumeur par radiothérapie, la chirurgie directe sur une glande ou d’autres traitements systémiques sont des facteurs favorisants. Malheureusement nombre de ces atteintes sont irréversibles et nécessitent des traitements à vie. L’axe hypothalamo-hypophysaire est le plus touché, d’où l’insuffisance fréquente en hormone de croissance. Viennent ensuite les déficits gonadotropes, en TSH et la puberté précoce. Plus rarement une atteinte de l’axe surrénalien est constatée et nécessite une substitution adaptée. L’hypothyroïdie est l’un des effets tardifs les plus fréquents. D’autres complications endocriniennes peuvent apparaître : augmentation du risque de diabète chez ceux qui ont eu une irradiation de la queue du pancréas. L’obésité est une autre complication favorisée par la radiothérapie cérébrale à des doses >20 Gy, le sexe féminin, l’âge au diagnostic du cancer <4ans et la prise de déxamethasone.
Des données indiquent que plus de 46% des adultes guéris d’une leucémie aiguë lymphoblastique seraient obèses après 10 ans de suivi. Les traitements par thérapies ciblées et immunothérapies ne sont pas indemnes de complications endocriniennes. Le risque de développer un cancer secondaire serait la première cause de complication à long terme post-cancer de l’enfance. Le risque de développer un second cancer après un cancer développé durant l’enfance serait influencé par l’âge au diagnostic du premier cancer, le sexe, la prédisposition génétique. Il serait augmenté par le fait d’être traité par chimiothérapie, radiothérapie ou greffe. Le risque cumulé de développer un second cancer dans les 25 ans après la guérison d’un premier cancer survenu dans l’enfance serait d’environ 7%. Ce risque atteindrait 20,5% après 30 ans. Le tabagisme, la consommation d’alcool et l’obésité sont des facteurs environnementaux modifiables prioritaires pour limiter le risque de second cancer.
Après la survenue d’un second cancer, la seconde cause de complication grave à long terme serait les complications cardiaques. Le taux de dysfonctionnement cardiaque subclinique atteindrait 57% des sujets ayant été traités pour cancer durant l’enfance, contre 3 à 4% de la population générale européenne âgée de 55 à 64 ans. Chimiothérapie (anthracyclines) et radiothérapie médiastinale sont en cause. Le suivi cardiologique des sujets à risque reste insuffisant en France. Les complications pulmonaires (asthme, toux chroniques, emphysème pulmonaire, dépendance à l’oxygène, fibrose pulmonaire et pneumonies récurrentes) font partie des séquelles pulmonaires post-chirurgie, radiothérapie ou chimiothérapie. Autres complications rapportées, les complications rénales post-traitement. Il s’agit de la première cause de transplantation d’organe après cancer dans l’enfance. Les complications neurologiques post-chirurgie, irradiation intracrânienne, chimiothérapie, immunothérapie comprennent les infections, les maladies neurovasculaires, les maladies du système nerveux central et périphérique. Les complications neurosensorielles, ostéoarticulaires, en lien avec la fertilité (40 à 60% des hommes guéris d’un cancer de l’enfance sont atteints d’infertilité) et les complications psychosociales sont également fréquemment rapportées.
Enfin, la mortalité globale augmente avec le temps (6,5% à 10 ans, 18,1% à 30 ans). Ces chiffres laissent supposer que d’autres causes de mortalité tardive surviennent car les taux de récidive de la tumeur primitive diminuent avec le temps.
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