Cancer du sein : vitamine E et tamoxifène, est-ce vraiment judicieux ?
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
À retenir
- « Dans l’attente d’études cliniques plus approfondies, les cliniciens devraient conseiller à leurs patients d’éviter la prise de vitamine E durant les traitements du cancer à base de tamoxifène » précisent les auteurs d’une revue de la littérature sur les interactions potentielles entre ces deux substances.
- La vitamine E ne devrait pas être recommandée aux patientes sous tamoxifène, en particulier lorsqu’ils n’ont pas de déficit en vitamine E.
Pourquoi est-ce important ?
Le cancer du sein est le cancer féminin le plus fréquent en termes d’incidence et de mortalité à travers le monde. Le tamoxifène est largement prescrit dans les cancers du sein à récepteurs œstrogéniques positifs (soit 70% de tous les sous-types de cancers du sein). Les effets antioxydants de la vitamine E sont connus et jouent un rôle essentiel dans la protection de l’organisme contre le stress oxydatif au niveau cellulaire. Cependant, plusieurs études ont montré que la supplémentation en vitamines antioxydantes pouvait compromettre l’efficacité des traitements oncologiques en protégeant les cellules tumorales durant l’hormonothérapie, la radiothérapie et la chimiothérapie. Cette revue de la littérature fait le point sur les connaissances actuelles concernant le rôle potentiel de la vitamine E chez les patientes atteints de cancer du sein et des interactions avec le tamoxifène.
Méthodologie
Cette revue de la littérature s’appuie sur les données concernant l’efficacité du tamoxifène seul ou en association chez les sujets souffrant de cancer du sein et les études d’interactions entre le tamoxifène et la vitamine E (ou tocophérols ou tocotrienols).
Principaux résultats
De nombreuses inquiétudes subsistent concernant le rapport bénéfice/risque de l’apport alimentaire en antioxydants durant le traitement du cancer. In vitro, l’association de différents composants, notamment les tocotrienols, à d’autres agents chimiopréventifs naturels ou synthétiques a été reconnue comme étant une stratégie chimiopréventive plus efficace que la monothérapie pour les femmes atteintes de cancer du sein. De fait, cet effet synergique pourrait être considéré comme une amélioration thérapeutique du traitement du cancer du sein.
Cependant, une étude in vitro a montré que la vitamine E ne se contentait pas d’éliminer les espèces réactives de l’oxygène (ROS) mais qu’elle favorisait également la prolifération des cellules MCF-7 (nom d’une lignée de cellules tumorales mammaires parmi les plus utilisées en recherche). D’autres études in vitro ont étayé l’hypothèse selon laquelle la vitamine E atténuerait les effets du tamoxifène, modifiant l’inhibition de la croissance cellulaire induite par cet agent. D’autres enfin ont suggéré que la supplémentation en vitamine E pourrait interférer avec les taux sanguins subthérapeutiques de tamoxifène. Cependant, ces dernières données sont issues d’essais de petite envergure.
Un essai pilote mené en double aveugle, contrôlé versus placebo, a montré que l’association de tocotrienol (400 mg/j) et de tamoxifène (20 mg/j) durant 5 ans était associée à une augmentation des taux sanguins de vitamine E et à une fonction hépatique anormale.
D’autres essais contrôlés et randomisés sur modèle animal et chez l’homme n’ont pas montré d'association pertinente entre l’apport de tocophérols ou tocotriénols à des doses nutritionnellement pertinentes avec un traitement par tamoxifène. En revanche de fortes doses de vitamine E (>300 mg/j) pourraient entraîner des interactions avec des médicaments tels que le tamoxifène.
Bien que l’activité du tamoxifène ait été réduite en présence de vitamine E sur modèle cellulaire, il n’existe pas à ce jour de données in vivo pour étayer ces résultats.
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