Cancer du sein : une étude longitudinale éclaire sur l’évolution de la fatigue sévère dans le temps

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

  • Une étude longitudinale met en évidence 3 types de trajectoires d’évolution de la fatigue sévère post-traitement du cancer du sein.
  • Si la plupart des patientes ont eu une évolution favorable, deux sur dix ont présenté dès le diagnostic un niveau de fatigue sévère sans réelle amélioration à 4 ans ;
  • Et, deux sur dix également, ont eu un état de fatigue qui s’est dégradé dans le temps ;
  • De multiples déterminants notamment sociodémographiques et cliniques ou liés au traitement ont été identifiés.

Pourquoi est-ce important ?

Cette étude souligne la complexité et la nature multidimensionnelle de la fatigue dans les premières années post-traitement du cancer du sein. Elle permet également de mieux saisir la variabilité interindividuelle et donne quelques pistes pour identifier les femmes les plus à risque afin de prévoir la mise en place de mesures adaptées.

Méthodologie

Cette étude longitudinale s’appuie sur les données d’une étude prospective nationale en cours CANTO (CANcer TOxicity) qui concernent des femmes atteintes de cancer du sein de stade I à III et traitées entre 2012 et 2015. La fatigue globale a été mesurée par le questionnaire European Organisation for Research and Treatment of Cancer (EORTC) de qualité de vie (QLQ-C30), et les dimensions physiques, émotionnelles et cognitives par l’EORTC QLQ-FA12. Leur niveau de fatigue a été évalué 1, 2 et 4 ans après le diagnostic. 

Principaux résultats

Au total, 4.173 personnes ont été incluses. L’âge moyen de l’ensemble de la cohorte était de 56,2 ans. La moitié souffrait d’un cancer du sein de stade I. 73,2% des femmes avaient eu une chirurgie conservatrice, 90,9% recevaient une radiothérapie et 53,2% une chimiothérapie et 11,8% un traitement anti-HER2. Au global, la prévalence de la fatigue sévère sur les 4 années de suivi atteignait 35,6% pour la fatigue globale, 35,0% pour la fatigue physique, 25,4% pour la fatigue émotionnelle et 13,3% pour la fatigue cognitive.

Presque 8 femmes sur 10 n’avaient pas de comorbidités, 61% des femmes présentaient des symptômes d’anxiété, 18,2% des symptômes dépressifs. Parmi ces femmes, 56% avaient moins de 3.000 euros/mois de revenus. Les analyses ont permis de mettre en évidence trois trajectoires différentes d’évolution de la fatigue sévère. 

  • 21% des femmes avaient un risque élevé de maintien d’un niveau de fatigue sévère dans le temps. Dans ce groupe, la fatigue sévère concernait 94,8% d’entre elles au diagnostic et 64,6% à 4 ans,
  • 19% des femmes ont été classées comme ayant un état de fatigue qui se détériorait dans le temps. Le taux de patientes se plaignant d’une fatigue sévère passait de 13,8% au moment du diagnostic à 64,5% à 4 ans,
  • Enfin, 60% des femmes ont été classées dans un groupe à faible risque de fatigue sévère, avec 3,6% d’entre elles concernées par la sévérité de ce symptôme au diagnostic et 9,6% à 4 ans.

Une détresse émotionnelle, en particulier une dépression, ou la prise d’un traitement hormonal affectait négativement la fatigue sévère.