Cancer du sein métastatique : le pronostic est-il vraiment pire pour les formes inflammatoires ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Le cancer inflammatoire du sein (CIS) est rare puisqu’il ne concerne que 5% de tous les cas de cancer du sein. En revanche, il est agressif. Et malgré les progrès thérapeutiques son pronostic reste sombre. Des chercheurs français ont comparé les caractéristiques des patients (femmes et hommes) souffrant de cancer du sein métastatique inflammatoire et non inflammatoire. Ils montrent que :

  • Les sujets atteints de cancer du sein métastatique sont globalement plus jeunes lorsqu’il s’agit d’un type inflammatoire.
  • L’histologie du cancer est moins souvent lobulaire, et la proportion de sous-types triple négatif et HER2+ est plus importante que pour les formes non inflammatoires.
  • En revanche la prévalence du statut HER2+/HR+ est similaire entre les formes inflammatoires et non inflammatoires.
  • Par rapport aux formes non inflammatoires, le diagnostic d’une forme inflammatoire se fait plus souvent au stade métastatique.
  • Si les sites métastatiques sont communs aux deux formes, leur proportion diffère.

Pourquoi ces données sont-elles importantes ?

Les patients atteints de CIS ont trois fois plus de risque de présenter des métastases au diagnostic par rapport à ceux qui sont atteintes d’une forme non inflammatoire.

Or, certaines données suggèrent que ce cancer ne serait pas moins sensible qu’un autre cancer du sein aux thérapies néoadjuvantes. 

Méthodologie

Cette étude a permis d’identifier les caractéristiques des sujets atteints de cancer du sein inflammatoire métastatique et de calculer la survie globale à 5 ans. Les données de sujets atteints de cancer du sein métastatique inflammatoire ont été comparées à celles de sujets ayant un cancer du sein non inflammatoire (base ESME-MBC initiée par le réseau Unicancer).

Principaux résultats

Entre 2008 et 2014, 7.465 patients avec cancer du sein métastatique et dont le statut clinique de la tumeur primitive était connu ont été identifiés (582 avec CIS et 6.883 sans). 

La plupart des sujets étaient des femmes. Les individus ayant un CSI étaient significativement plus jeunes que les autres (âge médian 56 ans versus 60 ans, p<0,001).

Les sujets porteurs d’une forme inflammatoire de cancer du sein étaient plus susceptibles d’avoir un cancer de novo au stade M1 (53,3% versus 27,7%), d’être porteurs d’un cancer HER2+ (30% versus 18,6%) ou triple négatif (25,9% versus 15,8%). Les CIS étaient moins souvent de type lobulaire (6,9% versus 14,1%). En revanche, ces CIS étaient moins susceptibles d’être associés à un statut HR+/HER2- (44% versus65,6%). Le statut HR+/HER2+ était retrouvé de manière similaire dans les deux groupes.

L’intervalle médian sans maladie était significativement plus court chez les sujets porteurs d’un cancer inflammatoire (2,02 ans versus 4,9 ans). En revanche, le nombre de sites métastatiques était similaire entre les deux groupes. Les métastases pulmonaires (25,5% versus 17,7%) et osseuses (58,1% versus 46,9%) étaient plus fréquentes chez les sujets atteints de CIS que les autres. Mais les métastases au niveau des nodules lymphatiques (35,6% versus 26,8%), les métastases cérébrales (11,2% versus 7,3%) et cutanées (16,3% versus 9,8%) étaient moins fréquentes chez les premiers.

Après un suivi médian de 50,2 mois, les chercheurs ont pu évaluer la survie globale médiane à 28,4 mois chez les sujets avec cancer du sein métastatique de type inflammatoire et 37,2 mois pour ceux atteints de cancer du sein métastatique non-inflammatoire. 

En analyse multivariée, la survie globale en cas de cancer du sein métastatique était significativement plus courte chez les sujets atteints d’une forme inflammatoire (hazard ratio 1,27 [1,1-1,4], p=0,0001).

La survie globale d’un individu atteint de cancer du sein métastatique s’est significativement améliorée au cours de l’étude, passant de 24 mois pour ceux qui ont reçu le diagnostic en 2010 à 36 mois pour ceux qui l’ont reçu en 2013.