Cancer du sein : le risque d’arythmie est-il plus important en fonction de la zone irradiée ?
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales
À retenir
- Le risque d’arythmie cardiaque serait accentué lorsque l’oreillette droite recevrait une dose d’irradiation.
- Les femmes traitées pour un cancer du sein gauche seraient plus à risque d’arythmie post-irradiation.
- Aucune relation significative n’a cependant été mise en évidence entre la dose d’irradiation reçue par le cœur dans sa totalité ou par les ventricules (droit ou gauche) ou par l’oreillette gauche et le risque d’arythmie.
- Les auteurs invitent à suivre plus particulièrement le risque d’arythmie ou de troubles du rythme cardiaque chez les femmes traitées par radiothérapie sur sein gauche.
Pourquoi est-ce important ?
La radiothérapie adjuvante est souvent utilisée après chirurgie pour cancer du sein. L’exposition à la radiothérapie n’est pas sans risque de complications notamment cardiaques, même plusieurs années après l’irradiation. Les coronaropathies sont les atteintes cardiaques post-radiothérapie pour cancer du sein les plus courantes. Des études montrent qu’elles sont plus fréquentes post-traitement d’un cancer sur le sein gauche. Globalement le risque de coronaropathie serait à vie augmenté de 7,4% pour chaque Gy supplémentaire1. Le risque d’arythmie et des troubles de la conduction cardiaque moins fréquents (4-5% selon la littérature2) bénéficient de moins de recherches que les coronaropathies. D’où l’intérêt de cette étude.
Méthodologie
Cette étude cas-témoins est une étude nichée dans l’étude multicentrique MEDIRAD BRACE comprenant 347 cas de cancer du sein (gauche ou droit). La population étudiée comprend des patientes âgées de 40 à 75 ans suivies à la Clinique Pasteur de Toulouse entre 2009 et 2013 et ayant subi une radiothérapie conformationnelle en 3 dimensions (3D-CRT) après diagnostic de cancer du sein in situ ou invasif, prouvé histologiquement. Après chirurgie, toutes les patientes étaient traitées par RT incluant ou non une irradiation ganglionnaire régionale. La dose planifiée était le plus souvent de 50 Gy en 25 fractions quotidiennes de 2 Gy sur 5 semaines, ou moins fréquemment 32,5 Gy en 5 fractions quotidiennes de 6 Gy.
Principaux résultats
Sur les 116 femmes incluses, 21 cas d’arythmie incidente ont été rapportés. L’âge moyen lors de la RT était de 64 ans et le suivi moyen depuis la RT de 7,0 ans.
Le délai moyen entre la RT et le phénomène d’arythmie était de 4,3 ans.
Si les femmes qui avaient développé une arythmie étaient plus susceptibles d’avoir subi une mastectomie, reçu un traitement hormonal, d’être fumeuses, de présenter de l’hypercholestérolémie ou une dyslipidémie par rapport aux témoins n’ayant pas développé d’arythmie, ces différences n’étaient pas statistiquement significatives.
La dose moyenne totale pour le cœur était estimée à 0,97 Gy (supérieure pour les cancers du sein gauche que du sein droit : 3,38 Gy versus 0,59 Gy). Le risque de développer une arythmie cardiaque était plus fréquent parmi les femmes qui avaient bénéficié d’une RT pour cancer du sein gauche. En revanche, ni la dose totale reçue par le cœur, ni la dose spécifiquement reçue par le ventricule droit ou gauche ou l’oreillette gauche n’ont été associées à une augmentation significative du risque d’arythmie. Bien que non statistiquement significative, la dose de radiation reçue par l’oreillette droite était associée à un risque accru d’arythmie (odds ratio 1,19, p=0,60) en particulier pour les cancers sur le sein gauche (odds ratio 1,76, p=0,75). Les auteurs suggèrent donc d’apporter une attention plus particulière au risque d’arythmie cardiaque et aux troubles de la conduction chez les femmes traitées pour un cancer sur le sein gauche et ayant reçu une irradiation sur l’oreillette droite.
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