Cancer du sein : le minoxidil oral se montre efficace contre l’alopécie induite par le traitement
- Univadis
- Clinical Summary
L’association du minoxidil oral et local pourrait être efficace chez les femmes atteintes d’un cancer du sein qui présentent une alopécie due au traitement anticancéreux, comme le suggère une nouvelle étude publiée dans la revue Journal of the American Academy of Dermatology.
Dans le cadre d’une étude de cohorte rétrospective menée auprès de femmes atteintes d’un cancer du sein et d’une alopécie induite par le traitement anticancéreux, les chercheurs ont constaté que l’association du minoxidil oral à faible dose (MOFD) et du minoxidil local permettait d’obtenir de meilleurs résultats que le minoxidil local seul, et que le traitement était bien toléré. Au total, 5 des 37 (13,5 %) patientes du groupe traitement combiné ont obtenu une réponse complète, définie comme une amélioration de la sévérité de l’alopécie d’un grade 2 à un grade 1, contre aucune des 19 patientes du groupe traitement local uniquement.
En revanche, aucune des patientes du groupe traitement combiné n’a présenté d’aggravation de l’alopécie, contre 2 (10,5 %) dans le groupe monothérapie locale.
Le Dr Kai Johnson, oncologue médical spécialisé dans le traitement des patientes atteintes d’un cancer du sein au Centre cancérologie générale – Hôpital de cancérologie Arthur G. James et Institut de recherche Richard J. Solove de l’Université d’État de l’Ohio (Ohio State University Comprehensive Cancer Center—Arthur G. James Cancer Hospital and Richard J. Solove Research Institute), à Columbus, souligne que l’étude, comme la plupart des études rétrospectives à petite échelle, permet de formuler des hypothèses. « J’hésiterais à recommander largement cette pratique de bithérapie qui associe le minoxidil oral et local jusqu’à ce qu’une étude prospective contrôlée par placebo démontre des bénéfices cliniquement significatifs pour les patientes », ajoute-t-il cependant.
Les critères d’évaluation de l’étude constituent un autre facteur. « Bien qu’un bénéfice statistiquement significatif ait été documenté avec la bithérapie dans le cadre de cette étude, il est important que les critères d’évaluation de l’étude soient plus centrés sur les patientes », explique le Dr Johnson. Le critère d’évaluation le plus important pour les patientes serait l’amélioration « du grade réel de l’alopécie, qui est survenue chez 5 des 37 patientes sous bithérapie, contre 0 patiente sous minoxidil local ».
Le Dr George Cotsarelis, président du département de Dermatologie et professeur de dermatologie à l’Université de Pennsylvanie (University of Pennsylvania), à Philadelphie, nous fait également part de son opinion. Il se demande si l’ajout du traitement local au minoxidil oral a réellement amélioré les résultats. « Il nous manque un bras de l’étude qui aurait utilisé un traitement oral seul », indique-t-il dans un entretien. « Nous ne savons donc pas à quel point le traitement oral serait efficace en tant que tel, ni si l’association au traitement local apporte véritablement quelque chose. »
Il souligne que le minoxidil oral comme traitement de la chute de cheveux est de plus en plus plébiscité, et que son efficacité est évidente. Cependant, le risque d’effets secondaires est plus élevé. « Le risque n’est pas aussi élevé avec une dose faible, mais il peut provoquer la pousse de poils à d’autres endroits que le cuir chevelu, ce qui peut être déroutant », explique le Dr Cotsarelis. Dans le cadre de cette étude, deux femmes ayant pris le médicament oral ont rapporté un œdème, et une a rapporté des céphalées et des étourdissements, souligne-t-il. Une hypertrichose a été rapportée par cinq patientes ayant reçu le traitement combiné.
Les chercheurs ont évalué l’efficacité du MOFD chez 100 patientes atteintes d’un cancer du sein et ayant reçu un diagnostic d’alopécie induite par la chimiothérapie persistante (AICp) et d’alopécie induite par l’endocrinothérapie (AIE) dans une clinique de dermatologie.
Ils ont réalisé une revue rétrospective des dossiers médicaux, des photographies cliniques standardisées et des images de trichoscopie, afin d’évaluer la forme de l’alopécie, sa sévérité, la réponse au traitement et les variations de la densité et de l’épaisseur des cheveux au niveau du vertex après le traitement.
Comparativement aux patientes atteintes d’une AIE seule, celles atteintes d’une AICp étaient significativement plus susceptibles de présenter une alopécie diffuse (P < 0,001), et elles étaient plus susceptibles de présenter une alopécie plus sévère, bien que cette différence ne soit pas significative (P = 0,058). Les résultats ont été évalués chez 56 patientes traitées par minoxidil (19 par minoxidil local seul et 37 par MOFD et minoxidil local) et pour lesquelles des photos cliniques et trichoscopiques étaient disponibles à l’inclusion et lors du dernier suivi (toutes les patientes devaient être suivies à des intervalles de 3 mois).
Les résultats ont montré que les femmes traitées par minoxidil oral et solution locale une fois par jour obtenaient une meilleure réponse (P = 0,002) et un pourcentage plus élevé d’augmentation de la densité capillaire par rapport à l’inclusion (P = 0,003) que celles ayant reçu du minoxidil local en monothérapie.
Outre les 5 (13,5 %) patientes atteintes d’une hypertrichose, les 2 patientes atteintes d’un œdème (5,4 %) et la patiente atteinte de céphalées/d’étourdissements (2,7 %) parmi celles ayant reçu le traitement combiné, 1 cas de palpitations (2,7 %) a également été rapporté. Des palpitations ont été rapportées chez une patiente (5 %) ayant reçu une monothérapie locale ; il s’agissait du seul événement indésirable rapporté dans ce groupe.
L’article a été adapté de sa forme originale, rédigée par Roxanne Nelson et parue sur Medscape.com, qui fait partie du réseau professionnel Medscape.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé